Nous, non-mariéEs de l'an II
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Communiqué de presse:
Le 5 juin 2004, à Bègles, se célébrait le premier
mariage d'un couple de même sexe en France. La plupart
des politiques, des ordres religieux, des psys se sont
excités : "différence des sexes, ordre symbolique, la
Nature, pays pas prêt, prendre le temps du débat",
etc. Dominique de Villepin, alors ministre de
l'intérieur, exigeait des sanctions. Le PS regardait
ses pieds lorsqu'il ne "dérapait" pas : Ségolène Royal
mettait ainsi en garde contre la "confusion des
repères et (la) provocation injustifiée des
convictions familiales et religieuses"... Cette
homophobie insidieuse faisait écho à l'homophobie
épaisse des groupes fascisants qui s'exprimaient
devant la mairie de Bègles. Toutes deux sont chaque
jour légitimées, légalisées par la loi : le mariage de
Bègles a été annulé par la cour d'appel de Bordeaux en
avril 2005.
En mai 2005, Patrick Ollier, maire UMP de
Rueil-Malmaison interdisait le mariage entre entre
Camille (transexuelle opérée, devenue femme pour
l'état civil en 1999) et Monica (transexuelle non
opérée et homme pour l'état civil) y voyant une
"absence de projet matrimonial".... Transphobie
ostentatoire, hallucinante de haine et de mauvaise
foi.
Il semblerait que Christian Vanneste soit l'idéologue,
plus ou moins avoué, de l'UMP de Sarkozy.
Le mariage, si je veux !
Certain-e-s ont ironisé : le mariage témoignait de la
normalisation des homosexuelLEs. "le monde n'est plus
ce qu'il était..."
On nous renvoyait Pasolini et autres à la figure...:
Ah la belle époque où les pédés vivaient cachés, le
bon temps où ils se faisaient buter sur les plages
italiennes !
Les bons notables faisaient la morale : "Où est donc
passée votre subversion d'antan ?"...
Toujours plus commode d'exiger que les autres vivent
ce que l'on a renoncé à être soi-même.
D'autres rappelaient à juste titre que le mariage
pesait de tout son poids dans l'oppression séculaire
des femmes.
Certes, à titre personnels, nous n'avons jamais été
adeptes du mariages, rêvant, vivant d'autres formes
d'associations.
Mais nous avons réclamé — et nous continuons à le
faire — le droit de ne pas nous marier.
Droit qui nécessite que le mariage soit une option
possible.
Le mariage n'est pas qu'un symbole !
Quoi qu'on pense du mariage, il est inadmisssible
qu'une partie de la population en raison de son
orientation de sexe ou de genre en soit exclue.
Le mariage ouvre des droits : droit au séjour,
notamment. Les lois racistes de Sarkozy nous
rappellent, si nous l'avions oublié, combien la
politique de l'Etat français est xénophobe, et combien
la vie des migrants est ici précaire. Précarité et
répression singulières pour les transpédégouines : le
droit d'asile est un slogan sans consistance et le
PaCS n'est pas un critère déterminant pour l'obtention
de papiers. Les flics de Sarkozy expulsent : Robson,
brésilien pacsé est expulsé en janvier dernier,
Taoufik, marocain pacsé expulsé en mars...
Pour ne pas avoir à ouvrir le mariage aux couples de
mêmes sexe, ils nous promettent monts et merveilles
avec un PaCS amélioré.
Pas touche au mariage : il est l'une des clés,
peut-être la plus symbolique, la plus visible, du
dispositif de normativisation hétérosexuelle de nos
vies.
Au coeur du Code Civil : la discrimination.
Lorsque 'on "casse" du pédé, de la gouine et/ou du
trans, on ne fait après tout que s'en prendre à des
citoyenNEs de seconde zone, reconnuEs comme telLEs par
l'Etat...
Le mariage est une étape !
Lors de la discussion sur le PACS à l'assemblée
nationale, Christine Boutin, la Bible à la main, la
larme à l'oeil, y voyait une porte ouverte pour plein
d'autres revendications.
Bien vu !
Oui nous exigeons que partout où la loi est
explicitement ou implicitement discriminatoire, elle
soit modifiée.
Nous exigeons :
- Le droit au mariage civil pour les couples de même
sexe ; l'extension aux couples homosexuels de
l'ensemble des avantages (sociaux, fiscaux, séjour)
dont bénéficient les couples hétérosexuels ; l'égalité
des droits entre les différents statuts civils et
fiscaux : PACS, mariage, concubinage et célibat.
- L'accès à la procréation médicalement assistée et à
l'adoption quelles que soient l'orientation sexuelle,
l'identité de genre ou le statut marital du/de la ou
des demandeurEs.
- La simplification de la procédure de changement
d'état civil pour les trans' (transsexuelLEs et
transgenres) qu'elles ou ils soient opéréEs ou non, la
reconnaissance de leur droits parentaux.
- La suppression de toute mention relative au sexe et
au genre sur les papiers d'identité et documents
administratifs.
C'est le droit à l'égalité pleine et entière que nous
défendons. Le droit au mariage pour les personnes LGBT
en est l'une des conditions !
En France mais aussi en Europe : nous ne nous
résignons pas à ce que l'harmonisation se fasse
toujours par le bas, indexée aux ordres du Capital et
des divers Vaticans.
Alors que dans le monde les transpédégouines sont
menacéEs, agresséEs le droit au mariage en France,
peut être, à sa mesure, un levier pour les luttes que
mènent partout nos soeurs.
Privées de droit
Lorsque les transpédégouines moscovites se font
frapper et arrêter, le Quai d'Orsay, par ailleurs bien
timide, "pour nous défendre", dégaine un très suspect
respect de la "vie privée" :
Il n'y a pas là qu'une maladresse.
Pour l'Etat, nos vies amoureuses et sexuelles restent
privées. Privées de droits ?
Comment peut-on encore parler de vie privée lorsqu'
une personne homosexuelle, en France, connaît un
risque de suicide treize fois supérieur à celui d'une
personne hétérosexuelle de même âge et de même
condition sociale ?
Comment peut-on parler de vie privée quand les
agressions à l'encontre de personnes homosexuelles se
multiplient ? Quand les insultes nous accompagnent au
quotidien ? Quand la Loi et l'Etat font une différence
entre monde transpédégouine et monde straight ?
Nos corps et nos désirs sont politiques. Saisis par la
politique.
Qu'on le veuille ou non.
Si ça ne fait pas de nous automatiquement des
"rebelles", cela nous rappelle qu'il n'y a pas de
fatalité mais des décisions, des choix et des
responsabilités politiques.
Il faut défaire l'Ordre des choses.
Et s'opposer sans relâche à la privatisation de nos
vies qui nous laisse tributaire du bon-vouloir des
humanistes et des marchands.
Et qui pour l'heure nous discrimine, nous opprime.
TAPAGES, le 5 juin 2006
Transpédégouines de Strasbourg