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*"Non à la pénalisation de nos clients"

--> Tribune des "Putes", Libération (12/07/06)

“Non à la pénalisation de nos clients”



-> Lu sur www.liberation.fr


Par Claire Carthonnet travailleuse du sexe et écrivaine (Lyon), Sonia Verstappen travailleuse du sexe (Belgique), Maîtresse Nikita, travailleuse du sexe, coprésidente de l'association les Putes et thierry Schaffauser travailleur du sexe, coprésident des Putes. Avec les associations Cabiria (Lyon), Femmes de droit (Vincennes), Grisélidis (Toulouse) et Pastt.


A en croire Libération du 6 juillet 2006, deux députés socialistes, Christophe Caresche et Danielle Bousquet, viennent de déposer une proposition de loi afin de pénaliser nos clients. Cette revendication, dorénavant inscrite dans le programme du PS, est portée depuis longtemps par Laurence Rossignol, secrétaire nationale aux droits des femmes de ce parti, mais également soutenue par la candidate à l'élection présidentielle la plus avancée actuellement dans les sondages, Ségolène Royal.

Depuis 1791, la France a aboli les offenses basées sur la superstition, incluant le blasphème, l'hérésie, le sacrilège, la sorcellerie, la bestialité, la pédérastie et la sodomie, considérés alors comme des crimes sans victime, des crimes imaginaires selon la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Dans le contexte actuel, ne voit-on pas une volonté de réintroduire une de ces «offenses basées sur la superstition», un de ces «crimes imaginaires» ? Qu'est-ce qui, dans l'acte de donner de l'argent à quelqu'un avec qui on a un rapport sexuel, peut bien constituer une offense ? N'y a-t-il pas «offense basée sur la superstition» quand des personnes décident à la place d'autres ce qui constitue pour elles une violence ? N'est-ce pas là, inversement une violence contre nous de vouloir nous imposer contre notre volonté de ne plus avoir des rapports sexuels qui nous rapportent de l'argent ?

S'il s'agit d'un rapport non consenti, il est passible des lois pénalisant le viol et la complicité de viol pour les proxénètes. En quoi est-ce utile d'ajouter une pénalisation qui concernerait un rapport sexuel pour lequel les deux parties sont majeures et consentantes ? Pourquoi ne rien faire pour forcer la police et la justice à reconnaître le viol des prostituées, parfois du fait des forces de police elles-mêmes, et qui sont plus nombreux depuis l'application de la loi pour la sécurité intérieure ? Est-ce à dire que les putes ne sont pas capables d'exprimer leur consentement, comme on le considère pour les enfants de moins de 15 ans ? N'est-ce pas antiféministe que de nous infantiliser et de s'opposer à la libre disposition de notre corps ? Quand nous ne sommes pas infantilisées, nous sommes alors diabolisées. Yvette Roudy n'hésite pas à nous diffamer en nous faisant passer pour des proxénètes, elle dit de l'une de nos associations, l'association «les Putes», qu'elle est «très active au Parlement européen, pour un marché qui représente des milliards d'euros» . Si seulement c'était vrai... nous ne serions pas putes, au contraire, nous nous paierions des gigolos.

Les abolitionnistes, Malka Marcovitch et Laurence Rossignol en tête, n'ont aucun scrupule. Elles sont prêtes, comme nous l'avons vu ce printemps, à mener toute une campagne afin de stigmatiser le travail sexuel et les pays qui, comme l'Allemagne, l'ont légalisé, permettant ainsi aux travailleuses du sexe de travailler en sécurité et d'avoir accès à des droits. Elles ont inventé le chiffre de 40 000 femmes «déportées» pour la Coupe du monde, se basant sur la capacité d'accueil des Eros Centers et de leur amalgame entre travail forcé et travail libre, faisant ainsi de toute pute migrante une esclave importée. Or, si les abolitionnistes s'y connaissaient un peu plus en prostitution, elles sauraient que ce sont durant les soirs de match que nous travaillons le moins. Nos clients ne sont pas des viandards assoiffés de sexe comme elles les décrivent. Ils sont souvent timides et recherchent la discrétion. Le soir des matchs, les supporteurs restent entre eux et sont trop saouls pour avoir un rapport sexuel.

Nous sommes donc très inquiètes que le modèle suédois puisse s'appliquer en France, quand on sait les difficultés que cette loi apporte depuis quelques années aux travailleuses du sexe : clandestinité accrue pour protéger les clients, hausse du proxénétisme et des violences, rééducation forcée, arrêt des actions de prévention des associations de santé communautaires. Pourquoi le PS veut-il lutter contre nous au lieu de s'attaquer à Sarkozy et aux lois contre le racolage ?


-> La pétition peut être signée sur : http://www.petitiononline.com/lesputes/petition.html


Ecrit par post-Ô-porno, le Mercredi 12 Juillet 2006, 12:50 dans la rubrique "Prostitution".
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