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*«Asexuels, nous sommes heureux»

--> David Jay, Américain, porte-voix de cette communauté méconnue.

«Asexuels, nous sommes heureux»



Affiche Act-up

-> Un texte lu sur: liberation.fr

Par Pascal RICHE

Ils ne ressentent aucune attraction sexuelle. Ils peuvent aimer, mais son indifférents au sexe. Jusque-là, les asexuels restaient cachés. Depui quelques années, ils s'expriment, échangent leurs expériences, sortent d placard. Une étude britannique (1) suggère qu'ils seraient très nombreux : % des personnes sondées déclarent n'avoir «jamais éprouvé d'attraction sexuelle pour qui que ce soit». Beaucoup de médecins considèrent l'«asexualité» comme un dysfonctionnement. Ce n'est pas le sentiment des asexuels, qui commencent depuis quatre ans à se grouper en communauté, grâce à l'Internet, et qui revendiquent leur «orientation». Leur porte-voix est un jeune homme, l'Américain David Jay, 23 ans, qui anime depuis plus de quatre ans la principale communauté, Aven (Asexual Visibility and Education Network). Entretien.

Pourquoi ce mouvement Aven ?

Lorsque j'ai compris que j'étais asexuel, j'ai passé énormément de temps à découvrir ce que cela signifiait pour moi. Dans une société dans laquelle la sexualité est si importante, il est très difficile pour les gens comme nous de trouver notre place. J'ai réfléchi à tout cela, mais rien n'avait encore été écrit sur la question nulle part. En 2002, j'ai créé un site web (2), pour que les gens puissent échanger leurs expériences. Nous approchons les 10 000 membres au niveau mondial.

Quand avez-vous découvert que vous étiez asexuel ?

Quand j'avais 13 ou 14 ans. Quand d'autres m'ont fait comprendre qu'ils désiraient quelque chose de moi, j'ai compris que j'étais différent. Cela m'a pris du temps d'accepter l'idée que l'asexualité était une possibilité. Les gays, dès l'enfance, savent que l'homosexualité existe. Mais personne, même au lycée, n'a entendu parler d'asexualité. Au début, je ne voulais en parler à personne. Puis j'ai réalisé que ce n'était pas un «problème», et compris ce que c'était, car il n'y avait alors aucune définition. J'ai beaucoup discuté avec mes amis, filles et garçons, au lycée, pour définir quelle était mon identité sexuelle. Vers 18 ans, j'ai décidé de faire mon coming-out. A l'université, j'ai créé une communauté à travers le site. On a forgé le mot «asexualité», et des milliers de gens nous ont trouvés sur le Web, en cherchant, à partir de zéro.

Avez-vous essayé d'avoir des relations sexuelles ?

Pas vraiment. Cela n'avait pas d'intérêt pour moi. Je n'ai jamais senti que cela valait le coup d'essayer.

Même à titre d'expérience ?

Je n'ai jamais eu de relations sexuelles ; j'ai essayé des trucs sexuels avec des gens, cela n'a rien déclenché chez moi.

Avec des filles et des garçons ?

Oui.

Les asexuels ont-ils des points communs ou sont-ils très divers ?

Beaucoup ont en commun d'avoir vécu la solitude, ne sachant pas comment se comporter, pensant qu'ils étaient les seuls à être ainsi. Mais pour le reste c'est une communauté très diverse. Il existe surtout une très grande variété dans la façon de vivre son asexualité. Certains ressentent des attractions (émotionnelles mais pas sexuelles) et d'autres non. Parmi ceux qui éprouvent une telle attraction, vous retrouvez des gays, des straights, des bi. Ceux qui n'ont pas d'attraction peuvent aussi avoir besoin d'établir une relation romantique, ou une amitié très proche avec quelqu'un. Tous essaient de trouver comment naviguer dans la société sans être «sexuel». Nous n'avons aucun problème avec l'idée de sexe : si quelqu'un aime le sexe, qu'il en profite, c'est très bien. Mais nous pensons aussi que le sexe n'est pas indispensable. Sans sexe, la vie ne perd pas son sens.

Votre condition ne tient donc pas d'un dysfonctionnement ?

Non, pas du tout. C'est plus proche de l'orientation sexuelle. Aucun facteur médical ou autre n'explique pourquoi vous êtes hétéro ou homo. C'est la même chose avec l'asexualité. Nous n'avons pas d'hormones différentes.

N'y a-t-il pas dans votre communauté, par exemple, des gens qui ont été traumatisés dans leur enfance par des abus sexuels ?

Je n'ai pas de statistiques, mais je pense que c'est le même pourcentage que dans le reste de la population.

Reste-t-on asexuel toute sa vie ?

La majorité des asexuels le sont pour le restant de leurs jours. Quelques-uns passent d'asexuel à sexuel, ou l'inverse.

Les asexuels peuvent-ils avoir de l'excitation, une érection ?

Oui, pour la plupart. Mais ce n'est pas associé à un désir. C'est juste quelque chose qui arrive à votre corps. Certains se masturbent, peuvent se sentir bien, mais sans que cela ne soit associé à une attraction.

Est-ce difficile d'expliquer l'asexualité ?

Non, pas trop, pour ce qui me concerne. Les gens sont très intrigués, ils trouvent cela étrange. Ils ont du mal à imaginer que le sexe puisse ne jouer aucun rôle dans une vie. Ce qui est le plus dur à appréhender, pour eux, c'est le lien entre sexualité et amour. Quand on leur explique que l'on a de l'intimité sans sexualité, ils sont perplexes. Ce sont des discussions intéressantes, et assez amusantes.

Cherchez-vous à créer un mouvement pour revendiquer votre identité sexuelle avec «fierté», à l'instar des homosexuels ?

Il y a beaucoup de parallèles entre notre mouvement et le leur. Ils ont ouvert la voie, et c'est plus facile pour nous de nous exprimer. Par ailleurs, il n'existe pas vis-à-vis de nous l'équivalent de l'homophobie : personne n'a d'hostilité particulière contre nous. Au pire, les gens pensent que nous devons être «réparés». Mais personne ne trouve l'asexualité «dégoûtante» ou «sale». Les gays se rassemblaient pour déclarer : l'homosexualité n'est pas un problème, c'est une partie formidable de nos vies. Nous, nous disons : vous savez, nous sommes heureux. Nous aimons des gens. Nous ne sommes pas cassés.


(1) Anthony Bogaert, Asexuality : Prevalence and Associated Factors in a National Probability Sample, Journal of Sex Research , août 2004.
(2) www.asexuality.org
Ecrit par post-Ô-porno, le Vendredi 4 Août 2006, 20:34 dans la rubrique "Sexualité(s)".
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