Une nouvelle arme contre la pornographie : l’IRM
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John Harmer lutte contre l’industrie pornographique depuis quarante ans. L’hiver dernier, il était prêt à jeter l’éponge. “C’est un univers odieux, et on a énormément de mal à trouver des soutiens financiers.” Puis il a entendu parler du brain mapping, ou cartographie fonctionnelle du cerveau. Aujourd’hui, Harmer a bon espoir. Son objectif ? Broyer la richissime industrie du X comme celle du tabac l’a été en son temps, en démontrant, preuves à l’appui, que la pornographie ne crée pas seulement une dépendance, mais qu’elle nuit également à la santé. Après quoi, déclare Harmer, “nous pourrons saisir la justice et porter plainte pour préjudice corporel. Si nous réussissons à obtenir que les industriels de la pornographie soient déclarés financièrement responsables des dommages qu’ils causent, alors on pourra jeter le X à l’égout une fois pour toutes.”
Harmer est président de la Lighted Candle Society (Société de la bougie allumée), qu’il a fondée l’an dernier avec Edwin Meese, ministre de la Justice sous Reagan. Son but ? “Rassembler des millions d’Américains, qui donneront 10 dollars par mois pour allumer une bougie afin que la lumière de la vérité dissipe les ténèbres que fait régner la pornographie.” Une partie des sommes ainsi réunies devrait financer plusieurs mois d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMF), afin de mettre en évidence sur le cerveau les effets des images pornographiques. Selon Harmer, le recours à l’IRM devrait coûter au moins 3 millions de dollars.
L’objectif est d’établir de façon incontestable l’existence d’un lien de cause à effet entre le fait de regarder un film porno et celui d’avoir un comportement antisocial. Il existe déjà des recherches montrant que la télévision entraîne une dépendance, ou des études d’IRMF constatant que les images de violence affectent le cerveau. “Mais on n’a encore jamais spécifiquement appliqué l’IRM à la pornographie”, observe Judith Reisman, auteur de The Psychopharmacology of Pictorial Pornography. Mme Reisman qualifie la pornographie visuelle d’“érotoxine”. “La pornographie agit sur le cerveau comme une drogue – c’est une drogue.” Regarder des films X déclenche une poussée d’adrénaline qui est ressentie dans le ventre et dans les organes génitaux, ainsi qu’une sécrétion de testostérone, d’ocytocine, de dopamine et de sérotonine, indique-t-elle. “C’est un véritable cocktail de drogues. La pornographie est un excitant extrêmement puissant, qui provoque flash et euphorie. Ce n’est pas un excitant sexuel, mais un excitant mêlant peur, sexe, honte et colère.” Selon Mme Reisman, le 1er amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté d’expression, ne devrait pas couvrir les images et les films pornographiques, car ceux-ci n’affectent pas le centre de la parole, mais “une zone cérébrale viscérale, non langagière, située dans l’hémisphère droit” du cerveau. La pornographie conduit au viol, aux meurtres en série, aux mauvais traitements infligés aux enfants et à l’impuissance, estime-t-elle. “Chaque fois qu’un homme regarde des images pornographiques, il éprouve de la honte et de la colère. Et il compromet sa capacité à réagir de façon normale… Il ne peut plus tomber amoureux d’une jeune femme, s’émouvoir de la ligne de sa nuque ou de la courbe de sa joue.”