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*Ce que le Gay n’a pas su, le Queer ...

--> pédérama

Ce que le Gay n’a pas su, le Queer ...







-> Une info lue sur : PÉDÉRAMA


Privilège des riches et des biens portants, considérons notre belle communauté de notre hauteur bien pensante quelques minutes.

Le nombre est toujours croissant de celles et ceux pour qui la bannière Gay, est et ne sera jamais plus qu’une ruse de couverture dans l’éditing d’une revue hebdomadaire, pire, les restes brisés d’une promesse déjà lointaine. Les plus caustiques d’entre nous, il y en a, commentent à qui veut l’entendre qu’il n’y avait qu’à ajouter un « N » pour se fondre parfaitement dans le décor d’un village de demeurés, de « gnays ». La communauté se serait trompée en adhérant au mirage qu’elle se devait de fabriquer, au rêve auquel nous devions tous et toutes pendre part : désigner les homosexuels, leurs lieux de vie, leurs sales habitudes sexuelles, tout le fatras dans un truc un peu propre - sans quoi nous serions encore à réclamer ce qui s’est amélioré entre temps. Gay est un compromis. Une idiotie en forme de promesse, c’est vrai, mais certainement une nécessité sociale et culturelle. Mais a qui profite le crime. Le « Gay » est sûrement le fruit d’une commande sociale, la preuve réelle de notre capacité intégrationniste et de conformiste. Le vœu d’allégeance faite au pouvoir qui n’est pas le notre. L’illustration parfaite et caricaturale d’une homosexualité reléguée derrière sa bannière identitaire. Plus question de parler d’homosexualité, parlons des Gays, et n’oublions pas d’en épurer la charge et la valeur féminine dans le même temps, une fois n’est pas coutume. Le Gay, c’est tous les homosexuels, mais surtout les hommes, exclusivement les hommes, violemment.

Passons sur l’intérêt de l’affaire à traiter partiellement le poids psychiatrique et médical des terminologies ancienne « d’homosexualités ».

Le Gay prend figure de refuge, et joue parfaitement son rôle de fédérateur. À peine est-il reconnu médiatiquement et socialement, le Gay prend place de symbole, et les poids culturels et affectifs aidant, force de signifiant auprès des hommes homosexuels. Son action ne se limite pas, et se développe souvent bien au-delà d’une homogénéisation des goûts vestimentaires - décoration d’intérieur - misogynie de rigueur - homophobie discrète et sophistiquée. Pas besoin d’être un « clone » pour bénéficier, souffrir pourrait-on dire, du poids de Gay. Et si l’on succombe à l’exagération, on oserait que c’est sans doute parmi les plus réticents à l’identification par le Gay que ses ravages sont les plus saisissants. Ne prenons qu’un exemple, le Coming-Out.

Le Coming-Out, lui aussi, par la force des choses comme on dit, a vu sa signification se renforcer jusqu’à prendre corps dans l’imaginaire comme le passage sacré de l’affirmation identitaire fondée sur les règles de la déclaration par l’aveu. Qui n’a pas entendu dire d’untel ou d’un autre, qu’il ou elle n’a pas « vraiment » fait son Coming-Out, qu’il en est qu’au début. C’est dire si ce fameux Coming-Out semble avoir un lots de critères définis, qu’il conviendrait de respecter. Mais n’y croyez pas, la liste n’existe pas. Et pour cause. Ce genre de signifiant tire sa force de ce qui s’impose à travers lui sans nul besoin d’être justifié, légitimé : en un mot « ça pèse ». Alors des Coming-Out se font par milliers, et nous pouvons sans crainte penser que c’est une bonne chose, un mieux. L’erreur, ou disons le manque réside dans l’illusion du devoir accompli, du rite exécuté. Qu’est-ce que cela change après tout ? Quid de l’amour recherché ou espéré au détour d’une telle déclaration, parce qu’on ne va pas me faire croire que c’est juste gratuit, sans attentes, que cela se suffirait d’exister pour soi seul. Quand on prend la peine de dire quelque chose à quelqu’un, c’est pour que ce quelqu’un l’entende, c’est bien qu’on en attend quelque chose. Le Coming-Out a ceci pour défaut qu’il pourrait, et qu’il peut trop souvent conforter les prétendants à la reconnaissance à ne plus faire cas ni attention des années de plombs qui l’on souvent précédé, à toutes les horreurs que l’on a du enduré, aux mensonges qu’on a du fabriquer, à nos amours qu’on a du cacher. Tout ce merdier-là ne quitte pas le sac où nous l’avons bien rangé comme par magie, le jour du grand soir de sa sortie du placard. La preuve en est, papa et maman nous aiment-ils vraiment tellement mieux ou tellement plus qu’avant ? La réponse attendue et espérée a-t-elle été à la hauteur ? le constat est souvent plus lucide : non, pas assez, pas comme espéré ...Doit-on pour autant regretté d’avoir fait son Coming-Out ? Sûrement pas, fallait pas louper ça quand même, ça ne se vit qu’une fois, et une bonne.

Ce qui reste, ensuite, c’est le lot de chacune et de chacun, celui d’avoir à exprimer sa propre identité au-delà, et au-dessus d’une identité Gay que tout le monde s’empresse de nous coller, pour être bien sûr de comprendre à qu’il on parle, stabiliser ce voisin, cet enfant qui vit si différemment de soi et qu’on pourrait bien ne jamais comprendre, à trop vouloir le faire.

Le Coming-Out est aujourd’hui une entreprise Gay. Elle a ses bons et ses mauvais côté. Le plus regrettable, de mon point de vue, c’est la croyance qu’il diffuse l’un et l’autre d’un supposé pouvoir identitaire personnel. Comme s’il suffisait de se déclarer Gay, ou anti-Gay d’ailleurs, pour trouver son expression individuelle, subjective d’homosexuel ou d’homosexuelle. C’est le danger, à rebours, de ces signifiants trop importants et trop pesants.

Tout ça pour dire que le prochain sur la liste, le Queer, n’a pas attendu longtemps avant de nous émerveiller de ses possibilités et de ses défauts. Les désarticulations théoriques, spirituelles et sexuelles qu’il propose apportent beaucoup dans maints parcours identitaires. Mais, ses velléités égalitaires et universalistes ont aussi eu vite fait d’introduire un autre mirage : le « on est tous et toutes pareilles ». Point de barrière entre les gouines, les pédés, les trans, et les hétéros amis. Quelle gigantesque connerie. Elle n’est pas que la conséquence du Queer, pas d’amalgame, mais elle est bien l’illustration de notre naïveté bien pensante à coller tant qu’on le peut à ce qui passe à côté comme à la dernière trouvaille miraculeuse. Comme s’il y avait un intérêt à défaire des barrières et des frontières pour s’engouffrer, alors que ce n’est pas la suite forcément logique, dans une soupe uniforme et sans goûts. On peut opter pour le rapprochement des genres et des sous-groupes de la communauté politique qui nous rassemble. Mais c’est pas une raison pour laisser croire et se diffuser l’idée totalitaire d’un idéal égalitaire. Il n’y aura jamais d’égalité entre les gouines, les pédés et les trans. Pourquoi, peut être simplement par ce que certains ont plus à perdre que d’autres. Allez savoir qui, allez savoir quoi.

Valentina Viodorovna
Le 3 novembre 2006
Ecrit par post-Ô-porno, le Jeudi 3 Mai 2007, 01:42 dans la rubrique "Queer".
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