*Le ministre de l'Intérieur décide d'interrompre la procédure d'interdiction d'Illico
Le ministre de l'Intérieur décide d'interrompre la procédure d'interdiction d'Illico
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e-llico.com
Le ministre de l'Intérieur, François Barouin, a décidé "de ne pas faire usage, à l'endroit de la publication Illico, des pouvoirs qu'il tient de l'article 14 de la loi du 16 juillet 1949". C'est par cette formule de trois lignes que le ministère met fin à la procédure d'interdiction ouverte par ses services, il y a près de trois semaines.
LIRE LE COURRIER DU MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR
Ce dénouement -s'il nous soulage- laisse intacte notre indignation et notre colère. En effet, la formule employée évite de nous donner la moindre clé sur ce qui s'est produit dans les méandres du ministère de l'Intérieur. A travers elle, il faut comprendre que nous ne saurons jamais ce qui nous était précisément reproché et qui pourtant constitué le point de départ de la procédure brutale engagée à notre encontre.
Cette affaire se termine comme elle a commencé; dans la plus totale absence de clarté et de transparence. Le ministre décide, seul, de mettre fin à la menace et ne donne aucune explication sur les raisons de ce revirement de ses services.
S'il n'existait aucun fondement réel et sérieux à l'usage de l'article 14 de la loi de 49 qui a été invoqué, que cela soit clairement dit, que les services concernés du ministère soient désavoués et qu'Illico soit rétabli dans son intégrité éditoriale car son image a été attaquée, sa crédibilité abîmée. Le magazine s'en trouve aujourd'hui déstabilisé.
Or rien de tel ne ressort du courrier du directeur de cabinet de Monsieur Barouin. On croit percevoir dans cette manière de faire -expéditive et laconique- une volonté d'en finir avec une affaire qui a suscité réactions hostiles et polémique et placé l'Intérieur dans l'embarras. Mais cette "issue" ne constitue pas une réponse satisfaisante à l'attaque dont nous avons été l'objet.
De bout en bout, c'est l'arbitraire qui aura dominé dans ce dossier. Accusé -à tort- de "pornographie" et de "porter atteinte à la protection des mineurs", Illico se retrouve -à juste titre- lavé de ces soupçons sans explications ni quant à l'accusation ni quant à son abandon. N'est-ce pas là l'aveu même du caractère abusif de la procédure menée contre le magazine?
Nous n'avons cessé de dénoncer, dès la première heure, et à notre suite tous ceux qui nous ont soutenu, le mauvais procès qui nous était fait -pour ne pas dire le mauvais coup qu'on nous portait.
L'opacité, la confusion qui caractérisent cette affaire ne peuvent que renforcer notre suspicion. Que nous voulait-on au juste en déclenchant ce processus? S'agit-il d'une énorme bourde d'un fonctionnaire, d'un zèle excessif ou inaproprié des services ou d'une tentative d'intimidation? Nous ne le saurons jamais avec certitude puisque le ministère ne répond pas à nos demandes de précisions et choisit la voie de la facilité en bouclant la procédure de manière discrétionnaire.
Ce choix nous indigne car il donne à penser que notre dossier était vide sur le plan des faits et qu'Illico a été mis en cause sur la seule base qu'il est un journal gay et qu'aux yeux de l'administration cette qualité rime encore avec pornographie et dangerosité sociale. Cela en dit long sur l'état d'esprit homophobe qui imprègne les hautes sphères de l'Etat.
Cela inquiète aussi, car ce qui s'est produit avec Illico ces dernières semaines, s'était déjà produit il y a vingt ans avec Gai Pied et encore plus tôt avec d'autres publications homosexuelles tout aussi inoffensives et peut encore se produire demain.
La mobilisation qui s'est manifestée n'a pas été pour rien dans l'abandon des mesures d'interdiction. Elle signifie que la défense de la liberté d'exister pour la presse gay est un combat toujours d'actualité, hélas.
Illico n'est donc plus sous la menace immédiate de l'interdiction. Mais autant dire que nous ne sommes pas prêts d'oublier cette affaire qui pose bel et bien la question de bon -et du mauvais- usage de la loi, notamment envers les minorités sexuelles.
Jacky Fougeray, directeur de la publication d'Illico
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