CUBA : Toujours la révolution, mais sexuelle cette fois
-> Une info lue sur:
courrierinternational.com
Le très officiel Juventud Rebelde consacrait samedi une page entière aux plaisirs du sexe anal. C'est dire si les temps ont changé, constate La Vanguardia.
Le reportage publié samedi dernier sur une page entière de Juventud Rebelde en dit long. Son titre ? "Sexe anal : l'autre chemin du plaisir". Son chapeau ? La majorité des couples hétérosexuels n'osent pas partir à la découverte des sensations que peuvent leur procurer leur anus. L'article figurait en page 5 de ce quotidien qui en compte 8, dans une rubrique très lue intitulée "Sexo Sentido" [jeu de mots entre "sexe ressenti et sixième sens, qui se dit "sexto sentido"]. Ne vous laissez pas abuser par le nom du journal. Juventud Rebelde [Jeunesse Rebelle] est, tout comme Granma, un organe officiel du Parti communiste, mais il s'adresse à un lectorat plus jeune. Selon les enquêtes réalisées par le journal, la rubrique sexologie est l'une "des plus lues". Elle reçoit d'ailleurs un abondant courrier : "plus de cents lettres et 900 courriels, venus principalement de Cuba mais aussi du Mexique, du Venezuela de l'Espagne ou des Etats-Unis", rien qu'en 2006, nous explique la responsable de la rubrique, Mileyda Menéndez.
La levée des tabous et l'ouverture à la diversité sexuelle ne sont des nouveautés à Cuba. C'est un processus sprogressif qui a débuté dans les années 1980 et qui s'est accéléré dans les années 1990. Ces derniers temps, le changement a été spectaculaire, et la dernière livraison de "Sexo Sentido", qui vient d'ailleurs de fêter ses sept ans, n'en est qu'un échantillon. On ne compte plus les déclarations destinées à rectifier, voire même à désapprouver, les mesures répressives instaurées contre les homosexuels dans les années 1970 et 1980 par le gouvernement révolutionnaire. Mariela Castro, fille du président en fonction Raúl Castro, et directrice du Centre national d'éducation sexuelle, en a parlé ouvertement il y a moins d'un mois. En réponse à une question sur l'époque où la Révolution envoyait les homosexuels en camp de travail, elle a dit : "Je me suis battue pour beaucoup de choses et j'ai beaucoup parlé avec mon père. Il est capable de reconnaître ses erreurs et de dire : Ecoute, là je me suis trompé, là non."
La télévision d'Etat cubaine, qui ne brille ni par son ouverture d'esprit ni par son audace, a diffusé le 5 mai dernier Fresa y chocolate, un film de Tomás Gutiérrez Alea sorti en 1993 et qui évoquait les difficultés des homosexuels à Cuba. Et dimanche dernier, Mariela Castro n'a pas eu de mots assez durs pour dénoncer l'homophobie lors de la présentation du film "Boys don't cry" de Kimberly Pierce (1999) qui raconte l'histoire véridique d'un jeune transsexuel victime de discriminations et de violences.
Fernando García
La Vanguardia