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*Santé : peut-on vraiment être accro à la pornographie ?

--> Débat
Santé : peut-on vraiment être accro à la pornographie ?




-> Une ifo lus sur: rue69.com


Il y a des points qui mettent tout le monde d'accord : les hommes regardent plus de porno que les femmes, Internet a amplifié et simplifié le fait de pouvoir regarder des films pornos, voir un film porno n'est pas grave en soi. En revanche, l'existence comme le traitement de la porno-dépendance font débat parmi les spécialistes.

Florian Voros est doctorant en sociologie à l'Ehess, et s'est intéressé dans ce cadre à l'addiction à la pornographie. Laurent Karila est un médecin-chercheur qui travaille sur les addictions, souvent à des drogues, mais il a traité aussi des patients venus le voir pour addiction à la pornographie. Il a d'ailleurs co-écrit « On ne pense qu'à ça » avec Michel Reynaud.

Comment définit-on quelqu'un de « porno-dépendant » ?

Florian Voros. Au-delà des variations dans le discours des différents acteurs impliqués dans la lutte contre « l'addiction à la pornographie » (psychologues, sexologues, psychiatres, journalistes, militants anti-porno, « ex-dépendants »), les définitions de cet état « pathologique » font toutes implicitement référence à une « bonne santé sexuelle ».

On retrouve là l'idéal d'une sexualité relationnelle régulière, s'inscrivant dans une relation de couple durable, permettant une vie sociale « réussie ».

La notion d'« addiction à la pornographie » a été inventée dans les années 70-80 aux Etats-Unis et importée en France à la fin des années 90.

C'est donc une catégorie très récente : ce comportement « anomal » se définit moins par son écart avec l'ancienne norme de l'hétérosexualité reproductive (à l'instar des « perversions sexuelles » du XIXe siècle) que par son écart avec la nouvelle norme d'épanouissement au sein du couple hétérosexuel.

Laurent Karila. Le manque d'épanouissement sexuel n'est jamais le motif unique sous-tendant l'addiction sexuelle. Le motif principal de mes patients est l'utilisation de la pornographie comme une drogue, qu'ils soient en couple ou célibataires.

Cela va avec un syndrome de manque quand ils ne peuvent pas l'utiliser, des préoccupations obsédantes qui peuvent retentir sur le travail et la vie de couple et de famille, un besoin de voir des vidéos plus trash pour essayer de retrouver un plaisir qu'ils ont connu au départ, sans jamais l'atteindre finalement.

Par exemple, au début, ils étaient attirés par des films avec des femmes dans des positions standard, puis ils vont passer au gang bang, puis au bukkake…

On relève aussi une perte de contrôle, de temps et d'argent (200 euros par mois), ainsi qu'une vie sexuelle toujours dissociée de l'amour.

Pourquoi la dépendance à la pornographie concerne majoritairement les hommes ?

F.V. Même si le porno reste en majorité un genre visuel pensé « par et pour » les hommes, hétéros ou gays, les femmes constituent un public de plus en plus important. Mais ce public de femmes est rendu invisible dans la sphère publique, où la consommation de pornographie est le plus souvent envisagée comme un « problème social ».

« L'addiction à la pornographie » connaît aujourd'hui un succès médiatique grandissant. Mais dans la littérature médicale et les émissions et reportages télévisés qui sont consacrés à cette nouvelle « pathologie », les spectatrices sont une fois de plus invisibles, et les spectateurs sont abordés d'une manière très réductrice.

En raison de leur supposée constitution psychologique ou hormonale différente, les femmes ne seraient pas exposées à « l'addiction au sexe » mais à « l'addiction à l'amour » ! Une distinction tout simplement ridicule, imprégnée de préjugés essentialistes et hétérosexistes.

L.K. L'immense majorité de patients que je reçois pour un trouble lié à l'usage excessif de la pornographie est constituée d'hommes.

Cette dépendance à la pornographie est étroitement liée à un problème addictif majeur qui est la masturbation compulsive (plus de cinq fois par jour, sans recherche de plaisir, juste pour apaiser les souffrances internes) et la pornographie est un moyen de gratification immédiate. Avec Internet, on a même plus besoin de payer, tous les extraits de films à différents thèmes autorisés sont accessibles.

Pour les femmes, c'est différent. La pornographie les touche mais de manière moins addictive. Elles sont plus accrochées à un problème d'utilisation des réseaux sociaux (Facebook, Meetic…) pour passer à l'acte sexuel.

Les femmes et les hommes ne sont pas égaux devant les addictions en général : les problèmes sont différents et peuvent avoir la même intensité de sévérité avec des caractéristiques particulières propres aux deux sexes

F.V. Il y a sans aucun doute des femmes qui estiment passer « trop » de temps à visionner du porno (il faut tout de même rappeler qu'il s'agit d'une activité faiblement valorisée par rapport aux échelles de valeur culturelles et sexuelles dominantes).

Mais je n'en ai jamais rencontré qui s'auto-définissent sérieusement comme « dépendantes ». Je pense que cela est lié au caractère andro- et hétéro-centré des questionnaires sur ce thème, par exemple la formulation des questions… Difficile de cocher ces cases quand on est une femme, même si on dépasse la barre des onze heures de porno par semaine (limite la plus souvent retenue par ces tests).

Plus généralement, je pense que, encore aujourd'hui, des femmes qui réalisent des films pornos, ou qui prennent du plaisir devant des films pornos, c'est une réalité qui est difficilement acceptable pour beaucoup de personnes… c'est plus rassurant de penser que ce n'est qu'une « affaire d'hommes ».

Par Camille




Ecrit par post-Ô-porno, le Samedi 6 Février 2010, 23:49 dans la rubrique "Post-porn".
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