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*Il n'y a pas de rapport sexuel

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Il n'y a pas de rapport sexuel



Il n'y a pas de rapport sexuel ; Film documentaire français de Raphaël Siboni avec HPG ; Durée: 1 h 18 ; class="spip">Sortie : 11 janvier 2012


-> Une critique lue sur: critikat.com


Esprits pudibonds s’abstenir ! Ce best-of des making-of du pornocrate HPG ne lésine pas sur l’overdose d’images explicites. Ici, on appelle un chat un chat et les sexes de tout poil s’érigent sans complexe avant d’être désacralisés. Mais plus qu’un bout à bout XXL de scènes pornos, Il n’y a pas de rapport sexuel est avant tout un produit culturellement hybride qui se révèle par bien des côtés jouissif.

Pompe à fric pour les uns, pur objet de consommation pour les autres, le porno a bien souvent du mal à sortir de son complexe d’infériorité par rapport au cinéma traditionnel. La preuve en est avec quelques tentatives de transversalités plus ou moins réussies initiées qui plus est par des cinéastes « traditionnels » (Lars Von Trier, Paul Vecchiali, Catherine Breillat, Virginie Despentes, Bruce La Bruce) ; ou encore avec les quelques tentatives de reconversion d’acteurs (Rocco Siffredi, Ovidie, François Sagat) dans des films ayant souvent le porno comme sujet. Il reste que, de tous ceux qui ont des velléités d’auteur, HPG (pour Hervé-Pierre Gustave) reste le plus légitime. D’une part car il est l’un des rares réalisateurs de X a avoir eu les honneurs d’une rétrospective à la Cinémathèque, d’autre part car ses œuvres plus traditionnelles comme On ne devrait pas exister, autofiction où il se met à nu au sens propre comme au figuré, montrent une réelle faculté à penser le genre... et à se mettre en scène tout simplement. Alors que l’on attend pour le courant de l’année son film avec Rachida Brakni et Éric Cantona, HPG joue les trublions du septième art en nous ouvrant un peu plus les portes de « son vit, son œuvre ». Personnage jusqu’au bout, HPG aime se regarder filmer. Sur les centaines de scènes hétéro ou gay tournées (souvent en mêlant des acteurs pros et amateurs), il a toujours posé une petite caméra qui vient capturer le work in progress. Il en résulte des heures de rushs qu’il a confiées au réalisateur Raphaël Siboni (issu de l’art contemporain) pour en tirer ce montage, sorte de version longue de Point of View, leur précédente collaboration. Laissant les scènes se dérouler en plan fixe, Siboni fait parler les images d’elles-mêmes, dans toute leur longueur et leur singularité. De cette rencontre entre deux extrêmes (le X et le cinéma arty), il naît alors, forcément, quelque chose de tout aussi extrême : un mélange entre Le Journal du hard, Secret Story et un documentaire de Wiseman passé aux rayons X.

Avec son titre en anti-phrase qui fait la nique à Lacan, Il n’y a pas de rapport sexuel annonce déjà la débandade. Alors oui, pendant près d’une heure et demie, on y voit beaucoup de cul. Mais bizarrement, rien de vraiment excitant. Rapidement démystifié, le genre se montre pour ce qu’il est, un reliquat de cinéma primitif (au sens étymologique du terme) où les corps à corps si chauds à l’écran tiennent avant tout du fake, où les effets spéciaux à base de lait concentré doivent tout aux recettes de grand-mère. À ceux qui idéaliseraient le porno, ces images risquent donc fort de couper court à toute illusion. Les lois du tournage, ce sont des moments d’attente et d’ennui, des « performances » demandées au bon moment, des contraintes de cadrage lors d’un tournage en extérieur ou encore des plans qu’il faut tourner coûte que coûte même si les acteurs montrent des marques évidentes d’épuisement.

Cette juxtaposition à nu d’images de tournage, sans aucun commentaire, aurait très bien pu tourner à vide. Heureusement, là où Raphaël Siboni parvient à instaurer un point de vue, c’est dans le parti pris de choisir des scènes décalées, qui ne répondent pas toujours aux fantasmes que l’on se fait du genre. Anticipant aussi la gêne inhérente à l’étalage d’images pornos, il privilégie la cocasserie, celle qui offre au spectateur le meilleur des refuges : le rire. Parmi les moments emblématiques du film, on y voit, par exemple, HPG inventer sur le vif, mais avec beaucoup de vigueur, un pitch digne d’un sitcom AB, essayer d’expliquer à une cougar comment mimer une fellation pour un shooting photo et débattre avec un acteur débutant en quoi être un pro du X pourra l’aider à lever les filles. Dans Il n’y a pas de rapport sexuel, tout est question de décentrage donc, de détournement consenti. De fait, même HPG n’est pas épargné. Auteur, personnage à part entière (dans un autre registre on pense au Lagerfeld de Rodolphe Marconi), sa flamboyance mesurée peut vite être rattrapée par le malaise qu’il suscite quand il donne l’impression de se servir des errances de ses acteurs. Du cynisme, il y en a certainement. Mais c’est pour mieux rappeler aussi que l’homme est pro avant d’être dans l’affect. Prolixe et reconnu par la profession, son porno à lui répond, comme pour toute industrie audiovisuelle, à des règles d’efficacité et de rentabilité. Et comme sur n’importe quel tournage, the show must go on reste le crédo essentiel.

Nicolas Maille







Ecrit par post-Ô-porno, le Vendredi 13 Janvier 2012, 00:01 dans la rubrique "Post-porn".
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