Les élections présidentielles françaises approchent. Pour exprimer notre désaccord avec les choix politiques proposés, nous lirons le 7 avril, le texte de Zoe Leonard, “Je veux une gouine comme présidente”, en français et en anglais.
Cette lecture a lieu à l’initiative d’activistes féministes françaises et du collectif monté par des artistes suédoises “I want a president…”.
Malin Arnell, Kajsa Dahlberg, Johanna Gustavsson and Fia-Stina Sandlund ont lu le texte de Zoe Leonard pour la première fois en suédois au moment des élections législatives de 2010, qui ont vu l’entrée au Parlement suédois de l’extrême-droite.
Elles ont ensuite participé à d’autres lectures collectives à l’invitation d’activistes féministes d’autres pays européens (Finlande, Estonie, Danemark, Espagne).
Comme elles, nous voulons rassembler des activistes, des artistes, des amiEs et des collègues pour protester contre le climat politique de plus en plus néolibéral.
Rejoignez-nous le 7 avril, à 14h à la Fontaine des Innocents à Paris pour cette lecture collective.Le texte de Zoe Leonard, 1992 (traduction libre) :
«Je veux une gouine comme Présidente. Je veux qu’elle ait le sida, je veux que le Premier ministre soit une tapette qui n’a pas la sécu, qu’il ait grandi quelque part où le sol est tellement plein de déchets toxiques qu’il n’a aucune chance d’échapper à la leucémie. Je veux une présidente de la République qui a avorté à 16 ans, une candidate qui ne soit pas la moindre des deux maux ; je veux une présidente de la République dont la dernière amante est morte du sida, dont l’image la hante à chaque fois qu’elle ferme les yeux, qui a pris son amante dans ses bras tout en sachant que les médecins la condamnent.
Je veux une présidente de la République qui vit sans clim, qui a fait la queue à l’hôpital, à la CAF et au Pôle Emploi, qui a été chômeuse, licenciée économique, harcelée sexuellement, tabassée à cause de son homosexualité, et expulsée. Je veux quelqu’une qui a passé la nuit au trou, chez qui on a fait brûler une croix et qui a survécu à un viol. Je veux qu’elle ait été amoureuse et blessée, qu’elle ait du respect pour le sexe, qu’elle ait fait des erreurs et en ait tiré des leçons.
Je veux que le président de la République soit une femme noire. Je veux qu’elle ait des dents pourries et un sacré caractère, qu’elle ait déjà goûté à à cette infâme bouffe d’hôpital, qu’elle soit trans, qu’elle se soit droguée et désintoxiquée. Je veux qu’elle ait pratiqué la désobéissance civile. Et je veux savoir pourquoi ce que je demande n’est pas possible; pourquoi on nous a fait gober qu’un président est toujours une marionnette: toujours un micheton et jamais une pute. Toujours un patron et jamais un travailleur. Toujours menteur, toujours voleur, et jamais puni.»