Aller chez une dominatrice pro sera bientôt un délit
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Démonia magazine"Entendue mercredi par la mission d’information de l’Assemblée nationale sur la prostitution, la ministre des Solidarités et de la cohésion sociale, Roselyne Bachelot, a déclaré être « favorable à la pénalisation du client », que la loi ne permet pas actuellement de poursuivre.
« Je veux le dire sans ambiguïté : contrairement à ce que d’aucuns voudraient nous faire croire, il n’existe pas de prostitution libre, choisie ou consentante. (…) L’achat d’un acte sexuel correspond à la mise à disposition du corps des femmes pour les hommes, indépendamment du désir de celles-ci », a-t-elle déclaré.
Celles et ceux qui pensent que cela ne saurait concerner le milieu sadomasochiste se trompent, en France les dominatrices professionnelles sont considérées par le législateur comme de simples prostituées, la loi ne faisant pas la différence entre call girls de luxe, prostituées des rues, coït ou relations sexuelles plus élaborées. Du point de vue strict de la loi, tout cela est la même chose et devrait, même si c’est loin d’être le cas, être traité de la même manière.
Nombreuses sont les dominatrices professionnelles à considérer que leur métier n’est pas une forme de prostitution, le terme serait trop vulgaire pour les prestations qu’elles proposent et qu’elles voient comme bien trop raffinées pour être classées sous celui-ci. C’est ignorer toute l’intelligence de la loi en France pour qui, et ce fut un très grand pas pour la reconnaissance des multiples formes du viol, un rapport sexuel ne se limite pas uniquement à la position du missionnaire. En France si, comme le soutient Thierry Ardisson, sucer ne serait pas tromper, il s’agit bien d’un rapport sexuel au même titre que la sodomie, l’introduction d’objets, la masturbation mutuelle, les caresses intimes… Donc se masturber aux pieds d’une Maitresse après s’être fait prendre par elle avec un gode-ceinture est un rapport sexuel pour la loi, sans que cela ne souffre aucune discussion.
Avec ce projet de loi, les prostituées de luxe, call girls, escorts ou dominatrices seront logées à la même enseigne que leurs consoeurs des rues moins bien loties, qui étaient jusqu’ici les seules à souffrir des lois Sarkozy avec la répression du racolage alors qu’il s’agit là bien souvent vraiment de victimes. Les lois de Sarkozy ne s’attaquent pour l’instant qu’à la prostitution des plus pauvres : filles sous la coupe de proxénètes, soumises à des réseaux mafieux, travaillant dans des conditions sanitaires loin d’être parfaites et humaines très dures. Tout pourrait changer, en transformant l’acte de faire appel aux services d’une professionnelle, même si elle travaille dans le « luxe », en délit.
Si cette loi devait être votée, vous rendre chez une dominatrice professionnelle, même si elle ne se fait payer que de manière occasionnelle, deviendrait punissable. Vous prendrez alors le risque d’être poursuivi, de passer devant un tribunal (ne serait-ce pas déjà une peine en soit ?) et d’être condamné à une forte amende. La dernière erreur très répandue dans notre milieu étant de croire que seules les personnes dont la domination sexuelle serait l’unique métier seraient des prostituées, celles qui ne se feraient payer pour dominer que de manière occasionnelle seraient exemptes de ce qualificatif. Grossière erreur, si la prostitution est un droit (ce sont le proxénétisme et le racolage qui sont des délits), il n’y a pas différence entre le fait que ce soit leur unique activité ou qu’elle ne serait pratiquée qu’en parallèle d’une profession plus classique. Faire appel à l’une ou à l’autre des diverses formes de la prostitution serait bientôt condamnable et surtout punissable.
La prise de position de la ministre a été saluée par certaines associations du secteur. « Ça va dans le bon sens », a déclaré Claire Quidet, du Mouvement du Nid. « À un moment, il faut que la société place des limites. On n’achète pas un acte sexuel« a-t-elle ajouté."
Texte rédigé par Francis Dedobbeleer