Les Feminist Porn Film Awards récompensent le porno au féminin
Candida Royal, Maria Beatty, Petra Joy et Shine Louise Houston (Photo: UdA/TÊTUE). -> Une info lue sur:
tetue.comSamedi 17 octobre, s'est tenu à Berlin, au Hackeches Hof Theater, la première édition du Feminist Porn Film Award européen, qui récompensait les meilleures réalisatrices de films pornos féministes. TÊTUE y était...
Initiées par Laura Meritt, docteure en sexologie et bien connue pour son sex shop Sexclusivitaten, les Feminist Porn Film Award ont récompensé, samedi soir dernier, les oeuvres pornographiques, réalisées par des réalisatrices femmes et qui répondent à un certain nombre de critères tels que la célébration du plaisir féminin, la diversité des corps filmés et des points de vue sur les corps, la production de films où les conditions de travail sont justes, qui prônent le safer sexe, et une stratégie positive pour les femmes dans le marché de la pornographie.
Des récompenses pour les premières réalisatrices à avoir montré de l'érotisme au féminin
Alors qu'aujourd'hui, il semble plus naturel que des réalisatrices passent derrière la caméra (bien que rien ne soit jamais acquis pour les femmes), dans les années 70, c'était encore exceptionnel que des femmes se mettent à faire des films surtout dans le domaine ultra-masculin de la pornographie. Les femmes n'avaient de sexualité que celle que voulaient bien leur laisser ceux qui les mettaient en scène. On parlait beaucoup du «masculine gaze», le regard masculin sur les corps de femmes, et on se demandait ce que les femmes voudraient montrer de leur sexualité, de leur phantasmes et de leurs désirs érotiques. D'autant qu'au début, féminisme et pornographie étaient antinomiques, aujourd'hui, la pornographie faite par des femmes est un terrain particulièrement riche et foisonnant, propice à l'expression du sujet féminin et féministe.
Cette première édition des prix du cinéma porno féministe européen (Feminist Porn Film Award Europe) a voulu d'abord saluer et récompenser des réalisatrices pionnières dans le monde pornographiques, les premières à avoir créé un univers érotique cinématographique où les femmes et les lesbiennes pouvaient se reconnaître, s'exprimer et s'émanciper du regard masculin objectivant.
Candida Royalle, Maria Beatty, Annie Sprinkle et Shine Louise Houston
Candida Royalle actrice, réalisatrice et productrice a reçu une huître en cristal pour ses films dans lesquels elle tourne en dérision et avec légèreté les canons du genre porno créé par les hommes et pour les hommes; elle est suivie aujourd'hui par Petra Joy qui poursuit ce que la première a initié, et a reçu une huître en cristal. Tout comme la performeuse, et adepte du sexe tantrique, Annie Sprinkle.
Les deux autres lauréates qui ont reçu une huître en cristal sont la new-yorkaise Maria Beatty, récompensée pour ses films érotiques qui célèbrent le sexe lesbien comme expérience mentale, à travers le fétichisme et les relations sm et explore plus récemment les pulsions lesbiennes dans un univers punk post-porn, et Shine Louise Houston, jeune réalisatrice remarquée, réalisant des pornos (les Crash Pad Series) pour Blow Fish et Pink and White Production et mettant en scène les sexualités queer et trans. Toutes deux américaines, et représentant deux générations de sexualité lesbienne. Maria Beatty a également reçu le prix du public pour l'ensemble de son oeuvre érotique.
Une première édition des prix du cinéma porno féministe européen qui souligne, comme l'exprime Laura Meritt, «que maintenant que les femmes ont conquis la pornographie, elles peuvent conquérir le monde».On ne saurait mieux dire...
Ursula Del Aguila