"Contre la transphobie"
Ce jeudi 8 juin à 14h30, une dizaine de militant-e-s, à
l'initiative de STS (Support Transgenre Strasbourg) et
de TAPAGES (Transpédégouines de Strasbourg) ont suivi
l'appel international à l'action du European
Trans-Gender Network en se rassemblant devant la
Représentation Permanente du Portugal auprès du
Conseil de l'Europe, à Strasbourg.
L'appel international à l'action a été lu
publiquement, et une banderole exhibée.
L'atroce assassinat au Portugal de Gisberta Salce
Júnior en février vient douloureusement rappeler les
dangers qu'encourent quotidiennement les personnes
transgenre, et l'inaction généralisée des États devant
ces dangers. Menace collective qui pèse sur chacunE et
dont les racines sont politiques. Les assassinats de
personnes transgenre ne sont pas seulement l'œuvre
d'individus haineux : la transphobie des États tue,
délibérément, méthodiquement, quotidiennement. Les
discriminations dont les personnes transgenre sont les
victimes de la part des États sont les meilleures
alliées de ces criminels, pire : elles sont des
encouragements au crime.
Gisberta Salce Júnior avait quitté son Brésil natal à
la recherche d'une vie plus supportable, mais elle n'a
trouvé que mépris, misère, maladie, exclusion, torture
et une mort extrêmement violente, dans un pays membre
de cette Union Européenne qui aime pourtant se
prétendre défenderesse des Droits de l'Homme. Gisberta
est non seulement victime de ses assassins, elle est
aussi victime directe d'un système détestable qui pour
perdurer sacrifie celles et ceux qui ne correspondent
pas à ses prétendues normes. Que vaut donc une
personne transgenre au regard de la Loi ? Bien peu de
choses, voire rien du tout, et ceci dans la majorité
des États du monde, y compris en Europe. Officialisée,
institutionnalisée, la transphobie d'État tolère,
produit et légitime partout les insultes, l'exclusion,
les agressions, les meurtres, et ignore totalement la
prévention des crimes transphobes.
S'est-on demandé comment il est possible que des
adolescents âgés de 10 à 16 ans entreprennent de
torturer et assassiner atrocement, avec préméditation,
trois jours durant, une personne transgenre pour la
seule raison qu'elle était "différente" d'eux ? Est-ce
là le "respect" des Droits de l'Homme que l'Union
Européenne inculque aux jeunes ?
Quand est-ce que les États européens se décideront-ils
enfin à protéger les personnes transgenre et à
garantir leur droit à l'identité de genre ? Combien de
crimes encore avant qu'une véritable politique de
protection de la différence et de prévention de la
transphobie ne soit enfin mise en œuvre ?
Il faudra certes punir le crime commis, mais il
faudra surtout travailler à en prévenir d'autres à
venir ! Ce rôle incombe en premier lieu aux États, et
nous exigeons qu'ils s'y mettent sans délai, car
chaque jour qui passe produit d'autres victimes.
Halte à l'hécatombe des transgenre ! Pour une
éducation au-delà de la répression !
TAPAGES, le 8 juin 2006
Transpédégouines de Strasbourg
http://tapages67.org/