*La méthode Delarue ou comment faire pleurer dans les chaumières.
La méthode Delarue ou comment faire pleurer dans les chaumières.
-> Lien:
collectif femmes de droits, droits des femmes
La méthode Delarue ou comment faire pleurer dans les chaumières.
La fabrication de toutes pièces d'une représentation politiquement correcte…
et parfaitement frelatée de la prostitution au service de l'audimat.
Communiqué de presse
20 avril 2006
Le plateau regorge de femmes repenties, soigneusement sélectionnées pour offrir aux téléspectateurs l’image caricaturale de la prostitution qui prévaut dans les représentations collectives, celle qui permet de ne pas prendre de risques et dont on sait surtout qu’elle se vend bien. Des femmes de plus de 40 ou 50 ans qui veulent arrêter de travailler, comme-ci ce n'était pas le cas dans les autres métiers. Aucune distinction n'est faite entre la prostitution en tant que telle et des conditions de travail de plus en plus difficile à cause de la non reconnaissance du métier, l'absence de droits, la stigmatisation et la répression accrue. En toile de fond, bien sûr, la formule consacrée : « Pourquoi choisit-on de vendre son corps ? » ne trouble personne, pas même le candide de service en la personne de Patrick Cauvin, auteur de romans censé connaître le poids des mots, le sens des formules…
Sonia aura tout juste le temps de faire remarquer que son corps est bien là, elle qui parle de son métier qui la satisfait, de ses clients qu’elle comprend et accompagne dans leur demande et qui ose parler du plaisir qu’elle peut éprouver parfois, fait figure d’extraterrestre. Intelligente, distinguée et parfaitement claire, elle aurait pu porter ombrage à ce beau tableau si elle avait été « bien de chez nous ». Mais à défaut d’être extraterrestre, elle est extraterritoriale… Elle est belge, travaille dans une « carrée », est en vitrine, autant de caractéristiques qui permettent de mettre à distance son témoignage et même d’en tirer une petite note « exotique ». Ah ! Ces Belges !…
Quant aux garçons prostitués, ils sont « extrêmement minoritaires », dixit l’expert de circonstance – et de pacotille - Delarue. Ils ne viendront donc pas ternir ce beau tableau, ils n’ont pas leur place. Ce présentateur « grand public » ne se soucie guère des réalités du terrain, la REALITE qui doit apparaître c’est la sienne, celle qui lui assurera la pérennité de son émission, les meilleurs rapports avec les politiques, un fort taux d’audience et une réputation « au dessus de tout soupçon ».
Pas une seule transgenre non plus… C’est vrai que ça ferait désordre… Si on suit la logique Delarue, elles ne sont pas même minoritaires, elles n’existent carrément pas… Peut-être ont-elles réellement vendu leur corps au point d’être devenues transparentes ?
Le flic, lui, existe bel et bien, c’est un pro qui rassure l’opinion sur le travail sans faille de la police et sur le bien fondé de la loi Sarkozy. Bien sûr, il lui faudra sacrifier quelques détails sur l’autel de la vérité, mais qu’importe, c’est pour la « bonne cause » !! A l’entendre, les femmes des réseaux ne sont plus sur notre territoire, les interpellations se font avec tact et délicatesse et le ministre de l’Intérieur est un homme formidable, une vraie providence pour notre pays envahi d’étrangères sans foi ni loi…
Le prix à payer pour cette grossière manipulation ? Comme toujours, les putes paieront la facture… Elles n’en sont plus à une instrumentalisation près…
Dormez tranquilles braves gens ! Tous les problèmes sont résolus, vous ne serez plus gênés par ces classes dangereuses qui troublaient jadis votre tranquillité. Avec ce genre de show pétri des clichés les plus éculés, on peut être rassuré et c’est ça qui compte.
à 17:45