Quel effet a la pornographie sur la violence sexuelle? D'après le magazine Scientific American, l’accès à la pornographie pourrait faire diminuer la violence sexuelle chez les hommes, et notamment le nombre de viol.
Selon cet article, alors qu’il y a encore quelques années il fallait se rendre dans d’obscurs sex-shops pour se procurer des vidéos pornos, il est maintenant très facile de les obtenir sur Internet. Il suffit de taper les requêtes adéquates sur Google, et on arrive en quelques clics sur des sites de pornographie gratuits où les restrictions d’âge sont inefficaces, voire inexistantes. Mais cette plus grande facilité d’accès est-elle problématique pour les comportements sexuels?
La question du lien entre la pornographie et la violence sexuelle n’est pas nouvelle. En rendant l’accès à la pornographie beaucoup plus facile, Internet a certes changé la donne, mais, comme le montrait l’article du site de vulgarisation économique Iconoclaste en mai dernier, la question centrale reste la même: le porno rend-il les hommes plus agressifs? Ou joue-t-il un rôle de catharsis, en leur permettant d’assouvir leurs passions violentes sans jamais passer à l’acte?
The Scientific American cite entre autres le professeur de psychologie Christopher J. Ferguson de l’université du Texas, qui affirme qu’il n’y a pas de corrélation positive entre l’accès plus facile à la pornographie et le nombre de viols. Au contraire, ce nombre aurait brutalement baissé depuis quelques décennies: «les taux de viols et d’agressions sexuelles aux Etats-Unis sont à leur plus bas niveau depuis les années 60».
Mais le journal rappelle qu'il faut garder à l'esprit que ces corrélations ne sont que des corrélations:
«Elles ne prouvent pas que la pornographie est la cause de la diminution des crimes que l'on a pu observer.»
Le site spécialisé sur les relations amoureuses Your Tango, qui note que d'autres variables peuvent rentrer en compte, comme l'évolution des mentalités sociétale, relève aussi une étude qui affirmait le contraire il y a quelques mois.
Cette étude, publiée par le magazine Newsweek («Comparing Sex Buyers With Men Who Don’t Buy Sex»), qui a été d’ailleurs très critiquée, affirmait que regarder fréquemment des vidéos pornographiques ou faire appel à des prostituées ont pour effet de dégrader les relations entre hommes et femmes. D’après cette étude la «consommation de sexe» encourage le sexisme, crée des attentes sexuelles déplacées et incite les hommes à la violence. L’étude montre par exemple que les «consommateurs de sexe» sont 8 fois plus enclins à violer une femme que les personnes qui n’en consomment pas, s’ils pouvaient bien sûr le faire en toute impunité.
Cependant, la définition qu’ils retiennent pour les «consommateurs de sexe» est, selon de nombreux commentateurs comme le magazine en ligne Salon, beaucoup trop large:
«C'est bien dommage que l'étude, qui compare les consommateurs de sexe avec ceux qui n'en consomment pas, mette bizarrement sur le même plan les amateurs de prostituées, ceux qui regardent des films pornos et les habitués des clubs de striptease.»
Le magazine Salon note qu'avec cette définition il n’est pas difficile de voir que les résultats sont un peu biaisés: est-ce que quelqu’un qui regarde une fois de temps en temps un film porno va avoir les mêmes rapports avec les femmes qu’un homme qui va souvent voir des prostitués? L’étude tend à répondre que oui, ce qui est assez étonnant.
Le Scientific American va dans le sens opposé, concluant «qu’il n’y absolument aucune preuve appuyant l’idée que le porno serait négatif». Et relève une étude de 2009 qui a observé que «les effets de la pornographie –positifs ou négatifs– n'ont pas grand chose à voir avec le média en lui même, mais tout à voir avec la personne qui regarde du porno».
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