Le Queer X Show
Ena / Sadie - Pic by Mad Kate -> Le site du Queer X Show :
queerxshow.wordpress.com"Le Queer X Show est un road movie documentaire : sept femmes artistes en tournée sur les routes d’Europe en été.
« Le Queer X Show » est l’histoire de Sadie Lune, Madison Young, Mad Kate, Judy Minx, DJ Metzgerei, Wendy Delorme, Emilie Jouvet, sept jeunes femmes artistes et performeuses en tournée sur les routes d’Europe, qui ont comme particularité de faire partie du courant queer et féministe dit « pro-sexe » .
Le spectacle qui tourne de ville en ville en bus avec les 7 jeunes femmes, est composé de concerts live, de performances burlesque, de « spoken words » (lectures mises en scène), de danse et de projections vidéo développant une réflexion en mots en en images sur les relations entre expression artistique, mise en scène des corps et nouvelles sexualités.
J’ai suivi la troupe en tournée avec ma camera pour capter les moments intimes, les spectacles, le voyage en bus, les rencontres, la découverte des villes et l’accueil du public, la joie et la frénésie de la tournée, les confidences des performeuses, les histoires d’amour et d’amitié qui se sont nouées entre les personnages, de Berlin à Paris, en passant par Bruxelles, Malmö, Stockholm et Copenhague.
Ces jeunes artistes sont des femmes, et le corps, la sexualité, est partie prenante de leur inspiration artistique.Certaines sont danseuses (Mad Kate), travailleuses du sexe (Sadie Lune) et d’autres actrices x (Judy Minx et Madison Young ).
Danseuses burlesque, sexworkeuses, actrices X… dans l’imaginaire collectif, ce sont des filles pas très futées, ou pire, des victimes.
Or ces 7 femmes sont des artistes engagées, qui dans différentes sphères d’action et d’influence (le théâtre, la littérature, la vidéo et l’art contemporain) libèrent une parole crue et intelligente sur le corps de la femme dans la société, sur les régulations des échanges sexuels, sur la conscience de soi en tant qu’être de désir, et sur la création.
Wendy Delorme est écrivaine (« Quatrième Génération », 2007, éditions Grasset, « Insurrections ! en territoire sexuel », 2009, éditions Au Diable Vauvert) et enseignante à l’université.
Judy Minx est traductrice, et jeune auteure prometteuse. Sa première publication papier sera disponible dans le recueil « In-Soumises » dirigé par Gala Fur et Wendy Delorme aux éditions La Musardine en 2010. Ses publications web sur imsoexcited.canalblog.com sont suivies par la presse et tous ceux qui s’intéressent au féminisme, au mouvement politique des travailleurs du sexe).
Madison Young dirige la galerie d’art Femina Potens à San Francisco, et a remporté pour l’ensemble de son œuvre, qui soutient la création féminine et les artistes issus des minorités sexuelles, un prix national américain dédié.
Sadie Lune est une absurdiste et performeuse de talent, qui a remporté lors d’un festival organisé par le Museum of Moder Art de San Francisco le prix du public au printemps dernier, et participe en ce moment à une mise en scène de la célèbre post-moderniste américaine Annie Sprinkle à la biennale de Venise.
Mad Kate performe et chante avec le groupe Bonaparte et danse avec Peaches à Berlin. Toujours en vadrouille sur les routes du monde elle étonne depuis des années les scènes de trois continents.
On pourrait penser que des femmes montrant leur corps dénudé au public, reproduisent des clichés sexistes.
Or, ces filles issues de trois pays différents, d’Europe et des Etats-Unis, se revendiquent toutes comme féministes, de ce nouveau courant appelé « féminisme pro-sexe », et elles militent pour la notion de « sex positif » qui consiste à défendre la liberté pour quiconque de disposer de son corps (héritage de la première vague féministe) et ce sans restrictions, dans les limites du respect et du consentement mutuel entre partenaires adultes, y compris pour des échanges marchands. Elles défendent les droits sociaux des travailleuses du sexe, et militent pour le respect de ces travailleurs et travailleuses dans la société, afin de lever le stigmate qui pèse sur elles.
On pourrait aussi penser que toutes ces jeunes femmes, qui travaillent avec leurs corps et la sexualité, sont appréciées uniquement par un public masculin.
Or, des centaines de femmes sont présentes à leurs spectacles, soutiennent et aiment leur travail.
Devant ces femmes, sexy et féminines, la question de leur orientation sexuelle ne se soulèverait même pas. Une femme féminine est toujours considérée dans l’espace social comme disponible pour le genre masculin.
Or, ces femmes artistes revendiquent dans leurs pratiques et discours des droits égaux pour les minorités sexuelles (gays, lesbiennes, bisexuelles, transgenres) auxquelles elles appartiennent. A elles 7, elles représentent un panel de diverses attirances et orientations sexuelles.
On pourrait penser qu’un show composé par de telles artistes serait forcément pornographique.
Or, elles redéfinissent le mot de « pornographie » au sens premier du terme, le réinvestissent, le re-signifient de façon conscientisée, politisée, avec générosité et créativité.
Le corps dénudé est parfois montré (comme dans le « cervix show » de Sadie Lune, inspiré par Annie Sprinkle), mais c’est un vecteur de messages sur la liberté, celle de disposer de soi, celle de connaître son corps, afin de le maîtriser, de s’approprier ce que la science a longtemps construit comme un corps « hystérique » (cf. les analyses célèbres de Michel Foucault in « Histoire de la sexualité, Tome I – La volonté de savoir » et plus récemment les écrits de la philosophe Elsa Dorlin sur le sujet).
Ces filles réussissent le pari de parler de sexe, de pornographie, de jouissance, de SM, de féminisme, sans acte gratuit. Chaque geste, chaque parole est dirigée vers une réflexion sur la place des femmes dans la société, sur les potentiels du corps libéré.
L’aventure est bouleversante et étonnante: on partage un intense moment émotionnel, intime, érotique et politique avec elles. On en sort transformés …"