Le vagin, cet inconnu
par Lise BOLLOT
Liberation : mardi 18 octobre 2005
Empruntant au monde animal ou végétal (minou, marguerite), religieux (bénitier, aumônière), au quotidien (pantoufle, casserole), à l'imaginaire (bonnet à poil, tablier de forgeron), jusqu'aux termes les plus trash, le vagin multiplie les sobriquets comme pour mieux souligner la diversité de ses représentations. Mais les femmes, elles, comment le voient-elles ? C'est ce qu'ont voulu savoir les auteurs d'une récente étude sur l'usage des contraceptifs, en se faisant l'écho des monologues de 9 441 vagins (1).
Conclusion de l'enquête : la plupart des participantes admettent ignorer presque tout de leur sexe, qualifié de «mystérieux» et doté plus étrangement de «pouvoir». Mais, moins que les tabous, ce sont les idées fausses qui perdurent. Près d'une femme sur deux s'accorde à dire que le vagin est la partie du corps qu'elle connaît le moins. Si 65 % d'entre elles sont à l'aise pour le regarder (l'étude ne précise pas comment elles s'y prennent), l'exercice n'en vaut apparemment pas la chandelle. En effet, 61 % éprouvent «quelques inquiétudes» quant à l'«apparence externe de leur vagin». Une réponse sibylline, dont se sont contentés les auteurs. Plus surprenant : 47 % des participantes ont bien du mal à se faire une idée de la taille de la chose. Parmi elles, 6 % le trouvent trop grand et 1 % trop petit. Doit-on y voir un rapport avec la taille du sexe de leur partenaire ? L'étude n'y répond malheureusement pas. La nature est (ainsi) bien faite que le sexe s'adapte aux mensurations de son contenu en s'étirant. Ouf.
«Sale», «malpropre» : deux adjectifs qui ont souillé l'imaginaire de 28 % de femmes dans leur enfance. Résultat, elles sont plus de 60 % à penser, à tort, que les produits d'hygiène intime contribuent à la santé du vagin. Une odeur tenace dans les esprits qu'ont su exploiter les fabricants de sprays, lingettes et autres tampons parfumés. Une politique hygiéniste qui ne repousse pas pour autant les hommes, qui sont 41 % à trouver «sexy» le vagin de leur compagne. On respire.
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-->> Voir aussi à ce propos: LE NOUVEAU RAPPORT HITE SUR LES FEMMES.
Mot de l'éditeur:
Publié initialement en 1976, et dès 1977 en français dans la collection " Réponses ", Le Rapport Hite est un des textes majeurs de l'histoire du combat des femmes pour leur émancipation. Pour la première fois, en effet, une enquête approfondie, menée par une femme pendant plus de quatre ans, sans a priori, auprès de trois mille femmes, mettait à mal un grand nombre de clichés sur la sexualité féminine et jetait une lumière inédite sur sa richesse et sa subtilité. Pour la première fois, la sexualité féminine n'était plus présentée comme une réaction à la sexualité masculine et au coït. Pour la première fois, une théorie novatrice de la sexualité des femmes - au centre de laquelle se trouve la stimulation clitoridienne - était avancée, non pas à partir de préjugés masculins sur la question, mais du point de vue des femmes elles-mêmes. Pour la première fois, les femmes prenaient la parole sur ces questions.
Le Rapport Hite connut un succès fulgurant : publié dans le monde entier, il s'en est vendu, à ce jour, près de trente-cinq millions d'exemplaires.
C'est une nouvelle édition, entièrement revue et augmentée de nouvelles statistiques et de nouvelles analyses, que Shere Hite nous offre aujourd'hui. Parce que ce texte demeure, plus de vingt-cinq ans après sa première parution, l'ouvrage fondamental, de référence, en la matière.
-->> existe en edition "bon marché":
Shire HITE, Le nouveau rapport Hite : l'enquête la plus révolutionnaire jamais menée sur la sexualité féminine , trad. de l'américain par Théo Carlier et Catherine Vachera, Paris, J'ai lu, 2004, 888 p.
-->> Allez faire un tour sur the-clitoris.com, un site anglophone très détailé pour parfaire ses connaissances.