Les Introuvables lesbiens
Ecrits lesbiens du 17e siècle au 20e siècle naissant
Eau-forte sans titre de Julio Agosto Zachrisson (Panama 1920-....)
-> Une info lue sur:
romanslesbiens.canalblog.com
Nouveau blog, excellente initiative...
"Impossibles à trouver en librairie, difficilement en bibliothèque, les ouvrages lesbiens du XVIIe au XXe siècle naissant - O ironie ! O paradoxe ! - sont majoritairement écrits par des hommes. Pourquoi ? mais parce que seuls les hommes avaient droit à la parole, les femmes étant muselées (voire lobotomisées) par le patriarcat dominant.
Jusqu'au XXe siècle largement entamé, les seules qui ont vécu leur homosexualité à visage découvert et qui se sont exprimées en toute liberté n'ont pu le faire QUE parce qu'elles étaient financièrement indépendantes. Ainsi, les auteures lesbiennes (jusqu'au début des années 1930) sont soit de riches héritières (Renée Vivien ou Nathalie Barney) soit des actrices ou des "cocottes" (La Raucourt, Liane de Pougy).
Le corpus littéraire lesbien est donc un état des lieux tout à fait éloquent de la perception de l'homosexualité féminine à travers les siècles. A ce titre, poésie, théâtre, roman... font partie de notre histoire. Ils révèlent le difficile passage de l'invisibilité à la visibilité. Parfois, ce n'est même plus de la sociologie c'est quasiment de l'ethnologie tant l'évolution de la pensée vers la tolérance est lente !
Il faut donc lire ces ouvrages avec beaucoup d'humour et de distance. Bref, un régal de énième degré !!!... Mais c'est de la mémoire, vous dis-je :
• mémoire d'une perception toujours diabolisée du lesbianisme par une hétérosexualité sûre de son bon droit et toujours prête à condamner la différence ;
• mémoire de celles qui signe leur oeuvre par un nom d'homme pour vaincre l'ostracisme, ou de celles qui transposent une histoire d'amour tribadique en une histoire hétéro pur jus ;
• mémoire de celles qui ne se cachent pas mais qui restent marquées dans leur tête par la culpabilité judéo-chrétienne ;
• mémoire de celles qui non seulement ne se cachent pas mais revendiquent, à la manière Fin de siècle, leur sapphisme...
Cela dit, ces ouvrages prouvent au moins une chose : à la fin du XIXe, l'identité lesbienne commence à exister. Un "statut" essentialiste lui est reconnu. La lesbienne n'est pas une erreur ponctuelle de la nature, elle se reproduit..."