Les prostituées contre la pénalisation des clients
Place pigalle (XVIIIe), hier (2 juin 2011). A l’appel du collectif Droits et Prostitution, une centaine de travailleurs du sexe ont manifesté pour protester contre le rapport Bousquet qui prévoit de poursuivre les clients de prostitués. (LP/humberto de oliveira.)
-> Un article lu sur: leparisien.frVisage masqué de noir, il se décrit comme un client habituel des prostituées et entend bien les défendre. Comme cet homme anonyme, ils étaient des dizaines place Pigalle (XVIIIe) hier à offrir leur soutien à une centaine de travailleurs du sexe descendus dans la rue à l’appel du collectif Droits et Prostitution qui réunit 17 associations.
Brandissant panneaux, banderoles et porte-voix en plein cœur du quartier chaud, ils étaient réunis pour dire non au projet de pénalisation des clients de la prostitution. « Si cette mesure est mise en place, c’est nous qu’on assassine, s’insurge Dina, une jeune transsexuelle de banlieue parisienne, fière de sa profession. Car c’est un vrai métier, martèle-t-elle, un travail comme un autre qu’il faut légaliser. C’est ridicule et hypocrite, s’enflamme la jeune femme : nous payons des impôts sur une activité que la société française ne reconnaît pas. »
Sous le regard interloqué de nombreux touristes, les travailleurs du sexe entendaient protester contre le rapport parlementaire Bousquet (PS), dévoilé au mois d’avril, et qui propose de poursuivre les clients. « Une honte! » tonne une prostituée parisienne. Plus la police mettra la pression, plus les filles devront se cacher, se mettre en danger, se marginaliser encore plus. C’est la porte ouverte à la précarisation de la profession. C’est de l’Etat dont nous sommes victimes et pas de nos clients! »
« Sexwork is work », « Ma sexualité, c’est ma propriété privée », « Je gouverne seul(e) ma sexualité »…. Les panneaux s’agitent au-dessus des têtes de la cohorte qui quitte lentement Pigalle vers 15 heures pour gagner la place de la République (Xe), où doit se terminer la manifestation. Mais dans les rangs des travailleurs du sexe et de leurs soutiens, on craint que le combat ne soit pas encore gagné. « On est tellement en retard, en France, soupire un client. C’est du puritanisme déplacé… Et puis que vont-ils faire? Mettre un policier derrière chaque prostituée? Personne ne parviendra à faire disparaître le plus vieux métier du monde… »