Petit lexique QUEER & SM à l'usage des straights
Ce « petit glossaire Queer et SM » est un outil pour se familiariser avec le vocabulaire spécifique à l’approche Queer, ainsi qu’avec le langage sadomasochiste.
Bottom : personne tenant le rôle de soumis dans l’interaction SM, c’est « l’esclave »
Butch : Drag-king : lesbienne se jouant des apparences de la masculinité, à l’aide de moustache, de prothèses, d’attitudes, créant ainsi une performance de genre, d’un nouveau genre.
Dog play : voir human pet.
Fem : lesbienne se jouant de la féminité, créant ainsi une performance de genre, d’un nouveau genre. La fem ne se reconnaît pas en tant que femme.
Femme : catégorie d’individus hétérosexuels, au corps « anatomiquement » désigné comme étant femelle, la femme se distingue principalement par ses pratiques sexuelles orientées dans un schéma binaire homme/femme, axé sur la reproduction.
Fist-fucking : « La seule pratique sexuelle inventée au XXème siècle », selon Michel Foucault. Cette pratique consiste à introduire le poing, l’avant-bras dans le rectum ou le vagin de son/sa partenaire.
Gay : homosexuel « homme » ; terme apparu dans les années 1920 au Etats-Unis, venant du français « gai », est d’abord un code de reconnaissance utilisé par les homosexuels. Importé en France dans les années 1970, il est aujourd’hui une manière plus « politiquement correcte », moins médicale, de désigner les homosexuels.
Genre : type de domination qui se fonde sur une opposition d’identités, masculin/féminin, en s ‘appuyant sur une distinction naturalisée des sexes, que le genre produit en fait. Le « féminisme traditionnel » s’arrête à la dichotomie homme/femme, alors que le post-féminisme Queer perçoit ces deux rôles comme des performances, insuffisantes pour rendre compte de la multiplicité des identités sexuées.
Gouine : terme désignant originellement les prostituées de manière injurieuse, il est attribué aux seules lesbiennes au cours du XIXème siècle. Aujourd’hui, beaucoup de lesbiennes se dénomment ainsi, pour détourner le sens injurieux du mot.
Hétérosexualité : régime politique dominant qui légitime son hégémonie par la prétendue « naturalité » de la sexualité hétérosexuelle, et qui impose la catégorisation des humains en deux groupes distincts : les hommes et les femmes. Ce système, aux prétentions universalistes, tend à produire un discours rigide et autoritaire à l’attention de tous les individus qui ne se conforment pas à sa doctrine. L’hétérosexualité est une performance, accomplie à travers une multitude de paroles, de gestes réitérés : comme le rappelle B. Preciado, un des premiers rites de cette performance est l’assignation d’une identité (hétéro)sexuée à la naissance, par la parole : « c’est un garçon ! », ou : « c’est une fille ! ».
Homme : catégorie d’individus hétérosexuels, au corps « anatomiquement » désigné comme étant mâle, l’homme se distingue principalement par ses pratiques sexuelles orientées dans un schéma binaire homme/femme, axé sur la reproduction. Il est également le principal bénéficiaire du régime hétérosexuel.
Human pet : littéralement « animal de compagnie humain », c’est une pratique SM qui consiste à transformer son corps, à « l’animaliser », à l’aide de différentes « prothèses », pour entreprendre des séances de « jeux » entre « l’animal » et son maître. On distinguera, entre autres, le Pony play « cheval humain » et le Dog play « chien humain ». L’human pet forme une véritable subculture sadomasochiste.
Performance : concept de la philosophe Judith Butler, il s’agit de l’ensemble des paroles, des gestes, des attitudes, qui contribuent à faire exister les identités de genre. Être « homme » ou « femme » sont des performances, des constructions qui s’accomplissent par tout un panel d’actes et de paroles réitérés. La performativité des rôles est utilisé par les activistes Queer pour créé de nouveaux genres, afin de brouiller et résister aux normes dominantes qui imposent une division binaire du genre et de la société. Une parole performative est une parole qui produit de "l'act", le maire déclarant "vous êtes mari et femme" (sic), au-delà du discours et du symbole produit du concret, de la réalité.
Perversion : dans la théorie freudienne, la perversion désigne tout plaisir qui ne relève pas du coït vaginal hétérosexuel. Butler préconise une perversion des normes dominantes pour affecter celles-ci.
Pony play : voir human pet.
Queer : (anglais :tordu, bizarre) qui désigne les homosexuels. Queer est à l’origine une insulte lancée contre les homosexuels qui la reprendront à leur compte, la détournant de son sens premier, pour se qualifier eux-mêmes, à l’instar de negro ou nigga (nègre), parole diffamante que se sont appropriée les populations africaines-américaines. Au début des années 1990 aux Etats-Unis est née la Queer Theory, inspirée entre autres par les travaux de Judith Butler, Eve Kosofsky Sedwick, David Halperin ; le terme plus générique se substitue au terme trop restrictif « gay et lesbienne » car incluant tous ce qui n’est pas straight . C’est Teresa de Lauretis qui est « l’auteure » de la formule « Queer Theory ».
Safe-word : mot de passe (ou gestuelle, grognement, le cas échéant) convenu entre les pratiquants du SM avant le début de la « séance », il est utilisé par le/la bottom pour marquer un arrêt immédiat des pratiques en cours.
Straight : (anglais : droit, rectiligne) désigne l’hétérosexualité, les hétérosexuels, en opposition à tout ce qui est Queer. Qualifie autant les personnes, la politique, les normes dominantes et tout ce qui s’y rapporte.
Switch : échange de rôles entre top et bottom au cours de pratiques SM.
Top : personne tenant le rôle dominant dans l’interaction SM, c’est le « maître ».
Transgenre : individu qui se joue des identités de genre, personne « transexuelle.
Vanille : se dit de ce qui n’appartient pas au monde aux pratiques sadomasochistes, qu’il s’agisse d’une pratique, d’un objet ou d’une personne.
( ces définitions ne sont pas la production d'une "académie queer", donc loin d'être des définitions arretées et définitives.)
-> Voir aussi l'article:
*Lexique du sexe