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*“Prostitution : What is going on ?“

--> U.K.

“Prostitution : What is going on ?“

Traduction approximative anglais vers français du communiqué du 23 novembre 2006 de l’IUSW The International Union of Sex Workers en protestation de l’exposition de la Women’s Library à Londres sur la prostitution intitulée “Prostitution : What is going on ?“

par Thierry Schaffauser, travailleur du sexe, membre de l’IUSW Syndicat International des travailleurs du sexe basée à Londres et du groupe activiste français Les Putes www.lesputes.org  The Women’s library and prostitution : What is going on ?

La bibliothèque des femmes et la prostitution : Qu’est ce qui ne va pas ?

 Une intervention des parapluies rouges ( le parapluie rouge est un symbole de reconnaissance et de fierté des travailleurs du sexe )

 Les associations protestant avec nous sont : X talk : cours d’anglais pour les travailleurs (étrangers) de l’industrie du sexe London No.Borders Sexual Freedom Coalition ICRSE Comité International pour les droits des travailleurs du sexe en Europe Next.Genderation TLC- mise en réseau des hommes et femmes handicapées avec des travailleurs du sexe responsables NSWP Réseau de projets liés au travail du sexe ENS L’Education n’est pas à vendre- commission Femmes

Notre protestation devant la Women’s Library contre l’exposition “Prostitution What is going on ? “ et sa programmation vient de notre implication dans les luttes autour du genre, du travail et des migrations au sein du travail sexuel et de l’urgente nécessité de créer des alliances entre les différents travailleurs quelque soit le secteur dans lequel ils travaillent, leur nationalité ou classe sociale afin de changer l’industrie du sexe.

 Le programme de la conférence organisée par la bibliothèque exclut les travailleurs du sexe, les organisations de travailleurs du sexe, ainsi que toute personne parlant à partir d’une perspective s’appuyant sur leurs luttes au Royaume Uni et dans le monde. Les orateurs s’exprimant sur les migrations et le travail sont également exclus. Cette exposition est paternaliste et offensive dans ses représentations des travailleurs du sexe et du travail sexuel. Elle défend l’idée que les travailleuses du sexe sont de pauvres femmes victimes (terme employé par la Women’s Library au sujet des travailleuses du sexe est “weak” : faible) d’hommes sexuellement agressifs. Et très clairement comme d’habitude, la prostitution est abordée seulement en considérant les travailleurs du sexe comme objets du discours, et non pas par les travailleurs du sexe eux-mêmes.

Quelle place est accordée pour représenter les travailleurs du sexe comme des travailleurs femmes, hommes et trans’ qui tentent individuellement et collectivement de lutter pour améliorer leur vie, être plus libre, traverser des pays, et travailler dans de meilleures conditions ? Aucune place n’est accordée afin d’analyser l’exploitation et la coercition qui existent dans l’industrie du sexe et qui ne sont pas dûes à des hommes mauvais mais précisément aux lois, régulations et discours, qui criminalisent le travail sexuel, et à l’impossibilité pour les travailleurs du sexe de travailler ensemble, de s’unir au sein de syndicats et de s’organiser, à l’impossibilité pour la plupart des gens dans le monde de migrer dans des conditions légales, à l’impossibilité pour beaucoup de gens, et traditionnellement mais pas seulement les femmes, de gagner assez d’argent au sein des espaces légaux du marché du travail. En choisissant de représenter et de discuter la prostitution de cette façon, la Women’s Library a fait un choix politique sérieux, et s’inscrit par elle même dans une large stratégie d’exclusion des migrants, des travailleurs du sexe et de leurs alliés activistes qui partout dans le monde essaient d’organiser et de changer les conditions de travail au sein de l’industrie du sexe à partir des perspectives forgées par les luttes syndicales et de défense des droits des migrants.

Il n’y a pas qu’une seule position féministe sur le travail du sexe. Or, quand le féminisme ne voit la prostitution que comme une violence d’ “hommes méchants” contre “d’innocentes femmes” il efface les expériences complexes de beaucoup de travailleurs du sexe, incluant tous ceux qui usent de leurs ressources dans le sexe pour gérer une variété de problèmes financiers ou migratoires, et qui se trouvent eux-mêmes dans des conditions d’exploitation et d’abus. Il soumet au silence les travailleurs qui font consciemment le choix de travailler dans le sexe mais qui sont parfois victimes de maltraitances. Les maltraitances que nous subissons et notre stigmatisation, sont alors considérées comme les conséquences naturelles de notre volonté de travailler comme prostituées, signifiant ainsi que c’est notre propre faute. Cela renforce la dichotomie classique entre les femmes innocentes et coupables, et promeut l’idée que les femmes “innocentes” méritent protection tandis que les “coupables” peuvent être abusées en toute impunité. Quand le féminisme nie que le travail du sexe est un travail, il nous force à passer notre temps à défendre l’existence de notre travail au lieu de lutter pour sa transformation. Cela nous empêche de bénéficier des plaisirs de notre travail, ou de les inventer. Quand le féminisme contribue ou promeut la panique morale au sujet de la “traite des êtres humains” il se rend lui-même complice de l’augmentation des contrôles aux frontières, des restrictions migratoires, de la dépendance des immigrés les plus fragiles, des raffles policières sur les lieux de travail et des expulsions. Ce discours en effet légitimise les violences d’Etat et la création de hierarchie entre les citoyens.

 Nous sommes en train de développer des discussions et des actions qui perturbent cette tendance au sein des mouvements féministes associatifs et théoriques. Nous croyons en un féminisme qui commence à échanger avec les personnes qui font du sexe un travail. Vendre du sexe est dans beaucoup de sens un travail qui procède des mêmes qualités que dans bien d’autres métiers d’échanges de services personnels sur le marché capitaliste. En même temps, nous reconnaissons que les formes sous lesquelles le travail du sexe existent sont aussi profondémment apparentées aux travaux dits “féminins” de soins, domestiques, et aux activités de services sexuels et de reproduction supposées devant être délivrées. La demande d’argent contre du sexe dans le cadre d’un potentiel contrat transparent est souvent un moyen de casser et déplacer significativement les visions traditionnelles des femmes mais pas seulement elles, comme censées devoir rendre des services sans aucune rémunération. Nous plaçons donc au centre de notre vision féministe l’autonomie de toute personne quelque soit son genre qui emploie ses ressources dans le travail du sexe et/ou qui traversent les frontières

 Nous demandons à la Directrice de la Women’s Library d’inclure ce présent texte au sein de l’exposition, la bannière de l’IUSW, ainsi que le manifeste et la déclaration des droits des Sex Workers issus de la conférence européenne des Sex Workers de 2005. Ces deux documents ont été présentés au Parlement européen par le Comité International sur les Droits des Travailleurs du Sexe le 17 octobre 2005. Manifeste

http://www.sexworkeurope.org/site/images/PDFs/mansbrussels2005.pdf

Déclaration des droits

http://www.sexworkeurope.org/site/images/PDFs/dec_brussels2005.pdf

 Communiqué du Syndicat International des Travailleurs du Sexe 23 novembre 2006.

http://www.iusw.org

 “If you have comme here to help me you are wasting your time. But if you have come because your liberation is bound up with mine , then let us work together” “Si vous êtes venus pour m’aider vous perdez votre temps. Mais si vous êtes venus parce que votre libération est liée à la mienne, alors nous pouvons travailler ensemble.”

Lila Watson, acitiviste aborighène

Ecrit par post-Ô-porno, le Lundi 29 Janvier 2007, 10:58 dans la rubrique "Prostitution".
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