Questions de genre aux sciences sociales « normâles »
28-29 octobre 2010
Grand auditorium du CNRS
3 rue Michel Ange, Paris 16ème
(métro ligne
9 ou ligne 10 : station Michel-Ange Auteuil
ou Michel-Ange Molitor)
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obligatoire auprès de
questionsdegenre@cresppa.cnrs.fr
Pour
se faire une place dans leurs disciplines
académiques, les études féministes et, plus
généralement, les recherches sur les femmes, les
rôles de sexe, les identités sexuelles, les
rapports sociaux de sexe ou le genre ont
toujours du se positionner par rapport aux
discours scientifiques dominants, et faire
rupture avec des sciences sociales que l’on
pourrait qualifier de « normâles » (ou
« malestream ») et qui pensent
au masculin sans en avoir conscience, en
imprégnant à des résultats ou des théories
censés être « objectifs », une
« neutralité » de fait marquée par son
aveuglement aux inégalités entre les hommes et
les femmes, et plus profondément encore, à la
domination des secondes par les premiers.
Tout
au long de leur constitution, les études du
genre ont cependant été en dialogue constant
avec les grands cadres théoriques et les
courants de pensée des sciences sociales. Elles
ont ainsi permis de revoir, d’actualiser et
d’affiner un certain nombre de leurs concepts
« classiques ». Elles se sont aussi
situées d’emblée dans un dialogue
interdisciplinaire entre la sociologie,
l’histoire, l’ethnologie et l’anthropologie, la
philosophie, puis la science politique, le droit.
Il
nous a semblé qu’il devenait nécessaire de
revenir sur les apports réciproques entre les
sciences sociales et les études du genre. Nous
avons voulu systématiser cette démarche en nous
donnant les moyens de coordonner une telle
réflexion : nous avons choisi un ensemble
d’auteurs reconnus et enseignés dans les cursus
de sciences sociales et avons proposé à des
spécialistes de ces auteurs d’interpeller ces
œuvres à travers un même ensemble de
questions.
La
question de la définition et/ou de l’opposition
du masculin et du féminin apparaît-elle dans le
cheminement intellectuel des auteurs
retenus ? A quel moment la question du
genre affleure-t-elle et a-t-elle une influence
sur l’œuvre, éventuellement sans être traitée en
tant que telle ? Comment, par exemple,
est-elle laissée de côté, évitée ou au contraire
comment l’auteur s’en empare-t-il, même de façon
secondaire ou temporaire ? Et aussi :
comment les connaissances aujourd’hui acquises
par la sociologie du genre et, par exemple, la
lecture des faits et processus sociaux en termes
de rapports sociaux de sexe ou d’inégalités de
sexe, revisitent-elles les grands textes ?
Ou encore : en quoi certains auteurs
enrichissent-ils la réflexion sur le genre,
quand bien même ils ne l’ont pas traitée
eux-mêmes en tant que telle ?
Autrement
dit, pour prendre des exemples n’impliquant
aucune priorité ni exclusive : comment
Norbert Elias (ou E.P Thompson, Max Weber ou
Michel Foucault…) introduit-il ou laisse-t-il de
côté la question du genre dans son œuvre ?
Mais aussi, qu’apporte la lecture d’Elias (ou
E.P Thompson, ou…) à l’étude du genre ?
L’absence de regard sur le genre fait donc aussi
partie de notre objet, la question du genre
devenant un révélateur des lacunes ou des
ressources présentes dans les œuvres des
sociologues.
Dans
chacun des chapitres du livre que nous voulons
mettre en débat aujourd’hui, les principales
analystes féministes, françaises ou étrangères,
des œuvres étudiées ont été convoquées. Les
chapitres sont donc un dialogue entre l’œuvre,
remise dans son contexte, et ces critiques
féministes.
Les
six tables rondes qui composent ce colloque
reprennent la partition de l’ouvrage selon les
grandes questions des sciences sociales. Chaque
partie sera présentée par un, une ou deux
rapporteur-e-s, puis discutée par les auteur-e-s
des chapitres de la partie, les autres
auteur-e-s du livre et le public.
Programme
De
9 h à 9h30 :
Accueil
De
9h 30 à 10h30
Présentation
du colloque
Intervention
de Madame Pascale Bukhari, Directrice de la
Mission pour la Place des Femmes au
CNRS
Intervention
de Madame Agnès Netter, Chef de la Mission de la
Parité et de la Lutte contre les
Discriminations, Ministère de l’Enseignement
Supérieur et de la Recherche
Introduction
générale :
rappel du projet éditorial et présentation de
l’ouvrage
Danielle
Chabaud-Rychter, Virginie Descoutures,
Anne-Marie Devreux, Eleni Varikas
De
10h30 à 12h30
Première
table ronde : Structures, structuration,
pratiques
Rapporteures
: Agnès Fine, anthropologue, Delphine Naudier,
sociologue
Participant-e-s
:
-
Roland Pfefferkorn (Emile Durkheim et l’unité
organique de la société conjugale)
-
Marie Elisabeth Handman (Marcel Mauss et la
division par sexes des sociétés)
-
Anne-Marie Devreux (Pierre Bourdieu et les
rapports entre les sexes. Une lucidité aveuglée)
-
Anne-Marie Daune-Richard (Maurice Godelier. A la
recherche des rapports sociaux de sexe :
rencontres)
-
Judy Wacjman (sous réserve) (Anthony Giddens et
l’intimité : la structuration oubliée, avec
Lynn Jamieson)
Seront
aussi discutés les textes
suivants :
-
Pascale Molinier (Auguste Comte et le génie
féminin ou le roman d’une fatale
concurrence)
-
Martine Gestin et Nicole-Claude Mathieu (Claude
Lévi-Strauss et (toujours) l’échange des
femmes : analyses formelles, discours,
réalités empiriques)
Débat
***DEJEUNER***
De
14 h à 16 h
Deuxième
table ronde : Acteurs, savoirs, régimes
d’action
Rapporteur-e-s
:
Michèle Ferrand, sociologue, Wilfried Rault,
sociologue
Participant-e-s
:
-
Dominique Fougeyrollas-Schwebel (Talcott
Parsons : un héritage controversé. Rôles de
sexe, famille et modernité occidentale.
-
Jacqueline Laufer ( Michel Crozier et la
différence des sexes : une sociologie des
organisations au masculin neutre ?)
-
Xavier Dunezat (Alain Touraine. De l’oubli du
genre au sujet-femme : vers une philosophie de
la différence ?, avec Elsa Galerand)
-
Marie Duru-Bellat (Raymond Boudon ou la portée d’un certain
« universalisme abstrait » dans
l’analyse genrée des inégalités
scolaires)
-
Fatiha Talahite (Luc Boltanski et le
genre : Entre aliénations spécifiques et
aliénation générique)
Seront
aussi discutés les textes
suivants :
-
Ilana Löwy (Carlo Ginzburg : le genre caché
de la microhistoire)
-
Delphine Gardey (Bruno Latour, guerre et
paix : tours et détours féministes)
Débat
***PAUSE***
De
16h15 à 18h
Troisième
table ronde : Progrès, rationalité,
dynamiques de l’Occident
Rapporteure
: A préciser
Participant-e-s:
-
Eleni Varikas (Max Weber, la cage d’acier et les
dames)
-
Jennifer Hargreaves (Norbert Elias : Le
sexe, le genre et le corps dans le processus de
civilisation)
-
Estelle Ferrarese (Jürgen Habermas et le
genre : l’expérience du décentrement par la
discussion)
-
Nicole Edelman (sous réserve) (Philippe Ariès : Le genre dans
l’histoire de la famille et de la vie
privée)
Débat
******
De
9 h à 10h45
Quatrième
table ronde : Classes
sociales
Rapporteure
: Michèle Zancarini,
historienne
Participant-e-s :
-
Nancy Holmstrom (Karl Marx : En quoi
peut-il contribuer à comprendre le
genre ?)
-
Josette Trat (Friedrich Engels : De la
propriété privée à l’assujettissement des
femmes)
-
Michel Lallement (Pierre Naville et la division
du travail entre les sexes : le système
productif en dernière instance)
-
Eric Neveu (Richard Hoggart et la famille
ouvrière : Une lucidité sans
concepts)
Sera
aussi discuté le texte
suivant :
-
Laura Levine Frader (E.P.Thompson : Classe,
genre, historicité et « capacité
d’agir »)
Débat
***PAUSE***
De
11h à 12h45
Cinquième
table ronde : Interactions et production de
l’ordre social
Rapporteures
: Isabelle Bertaux-Wiame, sociologue, Virginie
Descoutures, sociologue
Participant-e-s:
-
Patricia Paperman (Alfred Schütz :
Situations de crise et réalités multiples dans
« le monde de la vie de tous les
jours », avec Joan Stavo-Debauge)
-
Pierre Tripier (Everett Cherington Hugues :
dimension du genre et différences
sexuées)
-
Danielle Chabaud-Rychter (Harold
Garfinkel : Compétence sociale et
attribution du genre)
-
Isabelle
Clair (Howard S. Becker. Déviance
et identités de genre)
Seront
aussi discutés les textes
suivants :
-
Azadeh Kian (Erving Goffman : de la
production sociale du genre à l’objectivation
des différences
biologiques)
-
Adele E. Clarke (Anselm Strauss en
héritage : sexe/genre et
race/ethnicité)
Débat
***DEJEUNER***
De
14 h à 15h45
Sixième
table ronde : Critique de la
modernité
Rapporteure :
Maria-Eleonora Sanna
Participant-e-s:
-
Nicole Gabriel (Georg Simmel, penseur du
genre entre Charybde et Scylla)
-
Ludovic Gaussot (Mannheim et le genre :
point de vue et connaissance située)
-
Sonia Dayan-Herzbrun (Adorno : Du caractère
féminin au prisme d’une critique générale de la
domination)
-
Diane Lamoureux (Hannah Arendt : Agir le
donné)
-
Michèle Riot-Sarcey (Michel Foucault pour penser
le genre : Sujet et pouvoir)
Débat
***PAUSE***
De
16h à 17h30
Conférence sur la
critique féministe des sciences sociales :
Conférencière(s)
à préciser.
Débat
général
***18
h : COCKTAIL***