Tjenbé Rèd Afrique (section de Tjenbé Rèd dédiée aux questions africaines) se félicite de la prise de position publiée hier sur son blog par Roger Gbegnonvi, docteur ès lettres et professeur à l’université nationale Abomey-Calavi du Bénin. 

 Ancien ministre, connu pour son engagement en faveur de la démocratie (il vient de refuser le poste de conseiller spécial à la gouvernance du président du Bénin), le Professeur Gbegnonvi déclare : «Le jour où j’ai appris la lourde peine de huit ans de prison infligée à neuf Sénégalais pour cause d’homosexualité, j’ai été effrayé... Si la plupart des hommes et des femmes sont droitiers, il y en a quelques- uns qui sont exceptionnellement mais naturellement gauchers et nous serions criminels de les vouer à la prison ou à la mort pour cette raison-là... Il paraît que l’homosexualité est un fait aussi naturel que celui d’être gaucher... Le progrès de l’humanité n’est pas mis en cause par l’homosexualité mais par les époux qui battent leurs conjoints, les parents qui torturent leurs enfants, les industriels qui fabriquent les armes mortifères, les dirigeants qui fomentent les guerres, les hommes et les femmes qui mettent l’intelligence et la science au service du mal... Ont droit à la vie, à leur liberté et à notre respect tous ceux qui ne s’en prennent ni à notre liberté ni à notre envie de vivre.» 

 Le fait qu’une autorité morale comme le Professeur Gbegnonvi prenne position de manière aussi claire contre les persécutions légales et sociales qui frappent aujourd’hui les homosexuels au Sénégal (comme ailleurs en Afrique) est un signe d’espoir. Il peut encourager la société civile et politique africaine à voir dans ces persécutions, non une résistance à l’impérialisme occidental, mais bien la négation de l’africanité des valeurs humanistes (comme la démocratie ou, notamment, le respect des différences). 

 Le Professeur Gbegnonvi est membre fondateur d’Amnesty International Bénin, ancien président de l’association Transparency International Bénin et ancien représentant résidant de la Fondation Friedrich-Naumann au Bénin.