Saint-Denis : un magazine porno attaqué par les pompiers
-> Un article lu sur: leparien.fr
Une « enquête vérité sur le sexe et les pompiers » a valu à son auteur et au directeur de la publication de comparaître au tribunal de Bobigny pour injure et diffamation.
«Les pompiers sont des chauds », ce sont des « groupes d’hommes débordant de testostérone qui pensent à b… » Quelques secondes plus tard, la présidente de la 14e chambre correctionnelle de Bobigny qui lit péniblement ces extraits lève la tête : « Est-ce que je dois relire tout? » Consensuellement, les avocats des deux parties lui épargnent ce supplice.
Nul besoin de prononcer, dans ce lieu solennel, la vingtaine de passages crus publiés en novembre 2010 par « Hot Vidéo », revue X installée à l’époque à la Plaine-Saint-Denis.
Abondamment illustré, ce sujet de 14 pages qui se veut une « enquête vérité sur le sexe et les pompiers » a valu à son auteur et au directeur de la publication de comparaître hier au tribunal de Bobigny pour injure et diffamation. En vingt-deux ans d’expérience, c’est la première fois que cette revue interdite à la vente aux mineurs et « reconnue plutôt sérieuse dans son domaine », selon son défenseur, est attaquée pour diffamation. Le reportage témoigne de pratiques collectives qui seraient répandues.
Les visages sont floutés. Pas ceux des actrices X qui se sont prêtées au jeu pour cette immersion de 24 heures dans une caserne de province. Cet article a « semé la consternation chez les sapeurs-pompiers », assure Henri Trumer, l’avocat de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. Elle regroupe 260000 membres, pompiers civils uniquement. « Non seulement les pompiers passent pour des obsédés sexuels, la caserne pour un lieu de débauche, mais c’est aussi un frein à la féminisation de la profession », poursuit l’avocat, qui réclame 10000 €.
Le jugement mis en délibéré
Sur les bancs de la défense, la lecture de l’article est tout autre. « On fait au contraire l’apologie du corps d’élite, conteste Alain Cléry, l’avocat de la revue citant maints extraits rappelant les centaines de personnes secourues et le péril conjuré. Il est juste dit que, vu la pression, ils peuvent avoir des moments de liberté. » Et de citer une enquête Ipsos qui rappelle que les pompiers sont le top des fantasmes féminins…Reste la véracité des témoignages, mis en cause par la partie civile. Par mesure de protection, la rédaction leur a garanti l’anonymat. Le journaliste assure que ce sont tous de vrais pompiers. Et l’actrice X Dolce Elektra — au cœur de cette enquête — a juré par procès-verbal qu’il s’agissait bien de vrais pompiers. Mais elle n’était pas là hier pour le réaffirmer. Le parquet est peu convaincu. Il réclame des amendes avec sursis : 4000 € à la revue et 1000 € aux journalistes « On ne dira pas de qui il s’agit, ça peut déplaire à la hiérarchie et c’est pour ça qu’on nous poursuit, c’est un règlement de comptes », proteste l’avocat de « Hot Vidéo ». Le jugement a été mis en délibéré.
Carole Sterlé