Sortie en salles du film Dirty Diaries
Skin, de Elin Magnusson
Le film
Dirty Diaries sortira dans les salles de cinéma le 30 juin prochain, chez MK2 entre autres. Ce film féministe orchestré par Mia Engberg,
Dirty Diaries, propose une autre approche du porno à travers douze courts-métrages réalisés par des femmes. La sortie de ce film avait été l'objet d'une polémique sur la question de son financement.
La réalisatrice suédoise Mia Engberg est à l'origine de ce projet. Projet qu'elle à pu mener à bien grâce au soutien financier de l'État suédois. Ce financement public d'un film pornographique à hauteur de 500.000 couronnes (48.000 euros) a d'ailleurs été l'objet de controverses bien au de-là des frontières du royaume scandinave. Il faut rappeler qu'en France, le financement public est interdit par la 'Loi X' de 1975, notamment par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC). Cette interdiction, ajoutée à une TVA d'exception (ayant évoluée depuis 1975, notamment en 2001 et 2005), a grandement contribué à vouer ce genre cinématographique à une logique commerciale et de rentabilité à court terme, fermant ainsi la porte à toute forme de créativité et d'inventivité.
L'investissement financier d'un État dans un film porno n'est pourtant pas une première. En effet, le gouvernement catalan a contribué au financement de films X pour leur contribution à
la diffusion de la langue catalane. En 2007, le Département de politique linguistique a accordé 14700 euros au réalisateur Conrad Son (sympathisant des
nationalistes de l’ERC, la Gauche républicaine de Catalogne) pour la réalisation de trois films X.
L'information ne fut l'objet que de quelques entre-filets dans la rubrique "Insolites" de quelques médias. Il faut dire que ces films ne remettent pas en question les valeurs hétéronormées véhiculées par le porno
mainstream, comme
Dirty Diaries le fait. Quand l'enjeu est "linguistico-nationaliste", le financement d''un porno n'inquiète que peu de monde ; mais, étrangement si l'on puis dire, quand l'enjeu devient féministe les questions d'argent deviennent plus sensibles.
À l'instar de réalisatrices comme A. Sprinkle, C. Royalle, M. Beatty, V. Despentes, E. Jouvet, pour n'en citer que quelques unes, Mia Engberg et les autres réalisatrices contribuent à "repenser la pornographie". Et les remous créés autours de ce film ne sont finalement que l'une des preuves de la nécessité et d'une certaine efficacité de cette stratégie de lutte qu'est le porno féministe.
Jean-Raphaël Bourge-> Le site du film :
dirtydiaries-lefilm.com