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*"Tout est fait comme si nous, trans, n'existions pas."

--> Entretien
"Tout est fait comme si nous, trans, n'existions pas."




-> Un article lu sur: tetu.com


Par Marie Kirschen mardi 10 mars 2009

Photographe, travailleur social, et auteur, Axel Léotard signe «Mauvais Genre», un premier roman réussi sur les questions trans. Et dresse un état des lieux accablant de la prise en charge française des transgenres et transsexuelles.

C'est l'histoire d'une femme qui ne s'est jamais sentie de sexe féminin, et qui deviendra homme.Mauvais Genre est le récit de sa renaissance : le choix de la transition, les hormones, les opérations, les structures associatives... Jusqu'à devenir Gabriel. À travers ce personnage-fil rouge, Axel Léotard nous offre un beau portrait de la communauté trans. Militant résolu, c'est à lui que l'on doit les trois minutes de silence de la Marche des fiertés qui, chaque année, rendent hommage aux malades du sida. Il réussit cette fois la prouesse de signer un texte qui se lit comme un roman. Mais qui nous donne à voir comme un très bon documentaire, dont on sortirait plus riche et plus instruit. On suit Gabriel à travers son univers sans une seule fois avoir envie de refermer le livre.

Mauvais genre est un récit, et non pas une autobiographie. Pourtant tu possèdes beaucoup de points communs avec Gabriel, le personnage principal : tu es trans, photographe, tu as commencé ta transition à 33 ans... Oui, dans une certaine mesure, c'est mon histoire. Fiction et réalité sont mêlées, mais tout n'est pas autobiographique. Je voulais avant tout présenter la communauté trans, le monde de la prostitution au bois de Boulogne, les trans françaises bien intégrées...

Qu'est-ce qui change quand on passe de femme à homme? Quand tu deviens un homme, d'un seul coup tout est plus facile! Obtenir un travail, un poste à responsabilité... Si tu affirmes quelque chose, ta légitimité est plus importante que si tu étais une femme. Y compris pour des femmes. Ce parcours m'a donc rendu encore plus féministe!

Pourquoi avoir écrit ce livre? J'ai lu tous les bouquins parus en France sur la question trans, mais il manquait certains éléments. Par exemple, je n'ai pas vu de livres qui parlent de la stérilisation forcée imposée aux trans. Pour obtenir son changement d'état civil, un homme qui devient femme doit obligatoirement subir une vaginoplastie, alors que tous ne veulent pas de cette opération. Dans le cas d'une fille qui transitionne vers le genre masculin, la phalloplastie n'est pas obligatoire -pour la simple et bonne raison que les chirurgiens français ne savent pas la faire! Mais on lui enlèvera l'utérus, les trompes et les ovaires. Environs 150 grammes d'organes. Je trouvais très important qu'un hétéro de base puisse lire ça.

Tu écris donc avant tout pour le grand public? Je crois qu'il faut tout dire et qu'il faut tout mettre à la portée du plus grand nombre. Ce qui m'intéresse c'est que monsieur et madame Tout-le-monde lisent ce livre, et pas comme quelque chose de spectaculaire ou de sulfureux. Je voulais qu'ils puissent s'imaginer que Gabriel soit leur voisin. Ou leur fils! Et si c'était leur fils, qu'ils se demandent s'ils auraient pu accepter que la société le traite de cette façon.

Tu abordes également la question du VIH dans la communauté trans. Les trans sont la catégorie de population la plus touchée par le VIH. Le taux de séroprévalence est de 1 sur 2 parmi les trans, et de 8 sur 10 dans la communauté des trans prostituées précaires. Paradoxalement, c'est une population pour laquelle il n'y a eu aucune campagne de prévention, et aucune étude épidémiologique. Tout est fait comme si nous n'existions pas. Par contre, il existe un protocole de prise en charge à l'hôpital public, qui est particulièrement violent.

Dans Mauvais genre, tu montres ce protocole à l'hôpital, mais aussi un parcours de prise en charge d'une personne trans dans le secteur privé. Le système médical est-il à deux vitesses? 
Oui, on a un système privé qui essaye grosso modo de se coller aux standards actuels de la WPATH, l'Association professionnelle mondiale pour la santé des transgenres, qui demande 3 mois de suivi psy maximum. Et un hôpital public qui est une véritable boucherie, et dont beaucoup de trans sortent broyés. Là, il y a deux ans de suivi psychiatrique. Et c'est seulement au bout de cette très longue période que le psy va essayer de déterminer si le patient est bien trans, pour lui donner une hormonothérapie. Pourtant, quand un crime est commis, l'expertise psy ne prend que de 1 à 3 mois...

Alors, que faudrait-il changer? Dans l'idéal, la consultation psychiatrique ne devrait pas durer plus de 3 mois. L'hormonothérapie devrait être possible avec, au cours de celle-ci, un changement d'état civil. Et il faut arrêter les stérilisations, ou les réassignations sexuelles obligatoires. Ce sont des pratiques dignes des camps de la Seconde Guerre mondiale.

Ecrit par post-Ô-porno, le Mardi 10 Mars 2009, 00:19 dans la rubrique "Queer".
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