Cyber@ction 158 BURKINA FASO - YVES ROCHER CONTRE LES FEMMES ? ( le combat continue! )
Leader mondial de la cosmétologie d'origine végétale, présent dans 88 pays, le groupe Yves Rocher totalise un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros.
«Un groupe et des marques unies par une même passion : rendre le quotidien de la femme plus agréable » clame le slogan publicitaire... Une réclame que les 133 ouvrières de La Gacilienne, filiale d'Yves Rocher au Burkina Faso, apprécient modérément. Car après neuf ans de travail, dans des conditions difficiles, elles ont été brutalement licenciées, le 1er août 2005. Depuis cette date, elles luttent pour obtenir le respect de leurs droits. En France, un collectif d'organisations relaie cette mobilisation : conférences de presse, pétitions, lettres ouvertes, protestations se succèdent depuis trois mois. Une campagne de lettres est maintenant lancée pour que la société Yves Rocher assume enfin ses responsabilités.
COMMENT AGIR ?
Soutenir cette cyber@ction en signant la pétition en ligne
->aller sur le site des cyber@cteurs
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ou en écrivant:
Prénom, Nom
Profession :
Adresse
Localité
Pays
M. Yves ROCHER
Président Directeur Général
Groupe "Yves ROCHER”
ZI La Croix des Archers
56200 LA GACILLY
Monsieur,
J’ai été informé(e) par La Coordination des Groupes de Femmes "Egalité" et
par le Réseau-Solidarité de Peuples Solidaires (10, quai de Richemont - 35
000 Rennes), soutenus par plus de cinquante organisations, de la situation
des ex-ouvrières de La Gacilienne, ancienne filiale d'Yves ROCHER au Burkina
Faso.
Pendant 9 ans, ces ouvrières ont travaillé dans une usine qui, comme vous en
a informé la CGT-B, ne respectait pas la législation du travail en vigueur
dans le pays et imposait un mode de travail basé sur le chantage à l'emploi,
les menaces, les intimidations et les sanctions arbitraires.
Le 1er août 2005, La Gacilienne a purement et simplement fermé ses portes,
laissant 133 ouvrières au chômage et sans revenu. Depuis, ces femmes se
mobilisent pour obtenir une indemnisation décente ainsi que des dommages et
intérêts pour le préjudice subi.
Préoccupé(e) par le respect des droits humains par votre entreprise, je
m’associe à la campagne de solidarité et de soutien aux ouvrières burkinabè
et vous demande de rouvrir des négociations avec elles et leur syndicat afin
de régulariser cette situation dans les meilleurs délais.
Restant attentif(ve) aux suites que vous donnerez à ma lettre, je vous prie
d'agréer, Monsieur, l'expression de ma considération distinguée.
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Plus d'info :
La Gacilly, ville chef-lieu de canton dans le Morbihan, est le site
emblématique du groupe Yves Rocher. A tel point que la commune, son maire et
la société qu'il a fondée semblent ne faire qu'un. Le PDG, fondateur de
l'entreprise qui porte son nom, l'a installée dans la commune dont il est le
maire depuis 1962.
En 1996, le premier magistrat-entrepreneur de la ville lance un projet de
développement au Burkina Faso. Son but, selon lui, est "d'aider à l'essor
économique d'un des pays les plus pauvres du monde en promouvant des
initiatives économiques locales”. Détenue à 97% par le groupe Yves Rocher,
La Gacilienne est créée près de Ouagadougou, la capitale, et embauche 133
ouvrières pour fabriquer des sachets de plastique et des rouleaux de tombola
qu'Yves Rocher distribue à ses clientes.
De l'autre côté du miroir
Mais les conditions de travail imposées aux ouvrières sont à l'opposé des
slogans publicitaires de la marque de produits de beauté. Dans un entrepôt
mal éclairé, mal ventilé, les femmes sont serrées sur des bancs. Les
"bavardages"sont interdits sous peine de suppression d'une demi-journée de
salaire. Un retard de quelques minutes occasionne une mise à pied allant de
sept à dix jours. A ces pratiques d'un autre temps s'ajoutent l'absence de
congés maternité, la non-prise en compte des heures d'allaitement dans le
paiement des salaires, l'absence de visite médicale, les horaires à rallonge
et des cadences intenables. Les périodes de production intenses sont suivies
de longs moments de chômage technique, impayés. Du coup, la rémunération
moyenne des femmes n'excède pas 15• par mois, soit un tiers du salaire
minimum légal au Burkina Faso.
En juin 2004, la Coordination des groupes de Femmes "Égalité"organise un
voyage de 11 femmes au Burkina. Par l'intermédiaire de l'association
Kebayina(1) et du syndicat CGT-B(2), présent dans l'entreprise depuis 2001,
cette délégation rencontre les ouvrières de La Gacilienne. Ces dernières,
venues nombreuses, exposent leurs conditions de vie et demandent un soutien
pour interpeller Yves Rocher.
En septembre 2004, dans une lettre adressée au PDG du groupe, la présidente
d'Egalité lui demande de se "renseigner et d'intervenir rapidement pour
mettre fin à la surexploitation et à la répression dont les ouvrières de la
Gacilienne font l'objet”. Fin octobre, un représentant d'Yves Rocher
rencontre l'association. La discussion est ouverte et positive, celui-ci
s'engageant à considérer les demandes des ouvrières burkinabè. Mais au lieu
d'agir dans ce sens, le groupe fait réaliser en décembre une "inspection"au
sein de La Gacilienne par un cabinet privé. d'après le rapport de ce
dernier, les critiques de l'entreprise relèvent d'une "opération de
dénigrement" pouvant même conduire à des "poursuites judiciaires" si elles
devaient se poursuivre ! Indigné, le secrétaire Général de la CGT-B fait
remarquer à Yves Rocher que le cabinet s'est contenté d'une seule source
d'information, "à savoir la direction de La Gacilienne” et a catégoriquement
refusé les informations du Comité syndical. Pourtant le syndicat est prêt à
fournir les nombreux éléments - y compris écrits(3) - qui existent sur ce
dossier, mais ne reçoit aucune réponse.
Sans rémunération ni moyen de subsistance
Dès lors, les choses s'accélèrent. Le 16 avril 2005, l'avocat du groupe au
Burkina annonce qu'Yves Rocher a décidé de quitter le pays et propose aux
ouvrières de racheter l'entreprise. Celles-ci refusent car le projet, de
toute évidence, n'est pas viable. Puis, le 1er août, La Gacilienne ferme
purement et simplement. Sans explication ni préavis, 133 ouvrières se
retrouvent sans rémunération ni moyen de subsistance.
Depuis cet été, les ex-employées mènent la bataille. Le 13 octobre dernier,
elles ont organisé une manifestation dans les rues de Ouagadougou pour
revendiquer le versement d'indemnités décentes de licenciement, mais aussi
des dommages et intérêts à hauteur de 2 830 • par ouvrière pour non-respect
du Code du travail et réparation des préjudices subis pendant neuf ans.
En France aussi, la mobilisation prend de l'ampleur. La pétition de soutien
aux ouvrières a déjà recueilli plus de 5 000 signatures, et plusieurs médias
ont relayé l'information.
Mais le groupe Yves Rocher refuse toujours d'ouvrir une vraie négociation.
Il préfère maintenir des propositions bien en deçà des demandes des
ouvrières : 76 • d'indemnité de fin de contrat, 283 • de dommage et intérêt
en échange d'une lettre d'engagement à cesser toute poursuite ! Un
marchandage qui laisse pantois lorsqu'on pense aux moyens dont dispose une
telle société. La direction parie peut-être sur l'essoufflement du mouvement
en France et au Burkina. Ou sur le fait que certaines femmes, pressées par
le besoin, soient contraintes d'accepter un accord inéquitable. Le géant du
cosmétique s'honorerait pourtant plus en entendant ce nouvel appel, lancé le
26 novembre dernier par l'une des ouvrières licenciées : "Dites à Yves
Rocher de se presser, nous sommes des femmes mais aussi des mères, nous
avons des enfants à nourrir, nous n'avons pas pu payer les frais de rentrée
scolaire...la situation est très dure”(4).
(1) En novembre 2004, des membres du Réseau-Solidarité, eux aussi en voyage
au Burkina Faso "à la rencontre des organisations de défense de droits”, ont
également rencontré cette association de femmes burkinabè.
(2) La Confédération Générale du Travail du Burkina est la confédération
syndicale la plus importante du pays. Peuples Solidaires collabore avec elle
(cf. notamment l'Appel n°259- Encore un mauvais PAS, 2003)
(3) Comme l'accord partiel signé par l'entreprise et le syndicat en 2002 à
la Direction Régionale de l'Emploi, du Travail et de la Sécurité sociale,
dont les termes ne seront pas appliqués par la direction.
(4) Lucienne KABORE Secrétaire Générale Adjointe de la CGT-B La Gacilienne.
Témoignage par téléphone le 26 novembre lors d'une réunion publique de
soutien aux ouvrières de La Gacilienne organisée à Rennes
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Ils / elles soutiennent la campagne !!
Organisations de femmes : Coordination des Groupes de Femmes "Egalité",
Commission Genre, Femmes et Mondialisation ATTAC, Collectif Féministes
"Ruptures", SOS Sexisme, Association Femmes Solidarité (Strasbourg), Centre
d'orientation, de documentation et d'information des femmes (Marseille),
Espace Simone de Beauvoir (Nantes), Femmes Solidaires (Nantes et St
Nazaire), MNFP (67 et 43), Rien sans Elles (Brest) , Mix-cité (Rennes),
CNDF, Marche Mondiale des Femmes.
Associations : Afrique XXI, AFASPA, ATTAC France, COFANZO, Droit au
Logement, MBDHP France, Peuples Solidaires, SURVIE, Réseau international
CADTM, Centre d'Information Inter Peuples (Grenoble), Les Motivé(e)s
(Toulouse), Association des Tunisiens en France, Euromed, Union des Familles
Laïques.
Syndicats : UL CGT Massy (91), UL CGT Sainte-Geneviève-des-Bois (91),
Syndicat CGT Yves Rocher S.A. La Gacilly (56), Fédération Nationale des
Industries de la Chimie CGT, UD CGT 91, Union Syndicale SOLIDAIRES, CNT
(international), Fédération Sud PTT, Syndicat SUD-ANPE Rhône-Alpes, SNAD CGT
Pays de la Loire, CNT Interco Nantes, UL CGT Villefranche (69), Solidaires
(91), CGT PTT (91), CGT Tyco Electronics France, UL CGT du Grésivaudan, Sud
PTT (56), Solidaires (56), Sud Trésor (56), Collectif Egalité-Mixité UD CGT
44.
Contact de la Campagne de Solidarité Gacilienne :
c/o Egalité, Foyer de Grenelle
17 rue de l'Avre - 75015 Paris
coorfemmes@yahoo.com
DVD : Un Reportage de 20 mn. sur Les Gaciliennes (réalisé par K. STEINHART,
produit par l'UL-CGT de Massy) peut être commandé à l'adresse ci-dessus
(11,22 • port compris, chèque à l'ordre de UL-CGT Massy).