Comment être pédé, raciste et tout de même se taper des arabes…
Il n’en est à pas douter, les pédés, pas plus ( moins ? ) que tout humain n’échappe à la bêtise raciste, à la haine raciale, ce racisme visible, qui se montre, qui s’affirme haut et qu’il est aussi de bon ton de montrer du doigt ( à raison !! ) . Cette visibilité semble occulter d'autres formes de racisme.
Ce dont je veux parler ici, c’est d’un autre racisme, plus insidieux, pas de la haine enragée facilement identifiable. Je veux parler d’un racisme "ordinaire", de cette pensée malheureusement trop répandue qui croit à l’existance de « races » au sein de l’humanité, quitte à trouver exitant, sexy cette différence naturalisée. Différence idiote qui ne repose sur aucun concept scientifique valable et valide, seulement sur des préjugés issus de l’idéologie raciste des puissances coloniales ( France, Grande-Bretagne…), qui ont produit cette idée, à partir du XIXe siècle, pour justifier leurs invasions illégitimes ( la différence religieuse est un argument plus à la mode pour justifier la conquête brutale aujourd’hui ! )
Ce dont je veux parler, c’est du pédé qui veut « se taper un black ou un reubeu, parce qu’ils sont bien montés et qu’ils sont chauds » (sic), très à la mode . Et là encore, c’est bien un relent colonialiste.
Ces pédés à la bonne conscience se pensent affranchis de la sottise hétéro, se croient bien incapables de racisme grossier, pas eux, ils en prennent pour preuve le fait d’aller se faire enfiler par des « gens de couleurs » (re-sic). Il en est même qui ont adopté le "look exotique des banlieues". Et pourtant, il s’agit bien là de racisme et de rien d’autres.
Fantasmer sur la prétendue « grosse teub des keblas », c’est réduire un garçon noir à sa bite, il n’est plus que ça, un gode vivant, un « animal », un sauvage érotisé ( sur la « légende du sexe surdimensionné des noirs », lire le livre de
Serge Bilé, lire également la pub pour une vidéo X , sur la même page). Penser cela c’est rejeter de l’humanité des personnes pour leur couleur et leur supposé gros organe ( et les noirs à « p’tite bite » ils sont pas noirs ? ), c’est discriminer pour du plaisir. Il en va de même pour la « brutalité » des arabes, des « kaïras de téci ». Eh oui, ne pas être blanc, habiter une banlieue pourrie et porter du « street wear » ça rend forcément brutal au lit, s'imaginent certains pédés à la libido post-colonialisée. Un mec noir ou arabe ne peut pas avoir une vie propre, des goûts perso, une identité et non un étiquette... bref être plus qu'un cliché sexy?
(ci dessus, exemple ordinaire de racisme néo-colonialiste gay
->"Nuits Africaines" paru en 2003)
Bien entendu, pour certains pédés noirs ou arabes, coté stratégie de drague, c’est un schéma idéal et très efficace, si ce type de sexe les intéressent. Nous ne les blâmerons pas de renverser les à priori pour en tirer quelques plaisirs. Sachant que la « virilité », la masculinité, sont des constructions de tous les instants, une performance ( comme toute autres attitudes ), autant que ces rôles assignés et joués servent à quelque chose.
Alors tout le monde y trouve son compte ? Pas si sûr, quand on se rend compte que la « surconsommation » de mecs considérés comme des marchandises, ne change rien à la discrimination raciale et sociale, au contraire ça l’entretien même. Le samedi après-midi, les rues du Marais sont jonchées de flyers annonçant des soirées « totale beur », montrant des torses à la peau foncée et sur-gonflés, des braguettes tout autant gonflées, des arabes, des noirs, des latinos. Enfin, juste des morceaux souvent, un biceps, des tablettes de chocolat suffisent pour appâter le chaland. Mais si on lève les yeux, que voit-on : rien de ressemblant à tous ces morceaux de fantasmes qui traînent sur les pare-brise. Car si on veut bien baiser avec ces mecs là, en revanche on n’en veut pas dans sa vie, dans sa rue, dans son bar… Evidemment, on voit ça et là quelques mecs non-blancs, mais c'est qu'ils sont « fashion », look « glam’banlieue », ou alors c’est qu’ils sont chaperonnés par un pédé bien blanc, une caution rassurante pour les autochtones maraicageu-x-ses ( s’il a un pote « céfran », il ne doit pas être foncièrement dangereux ).
Quelques associations de mecs "hors-normes" se sont montées sur ce constat, afin, entre autres, de faire changer la discrimination subie par beaucoup de pédés "hors-critères" (
Kelma, par exemple). L’ expérience a donné des exemples réussis, des soirées « multi-ethniques » (et re-sic), ou tous sans trop de distinction se retrouve échange autour de musiques qui ne soit pas « compil’techno'FG », mais celles que des gens "hors-milieu" apprécient et n'entendent pas ailleurs ; la musique peut avoir certaines vertus apaisantes, parfois.
Par contre, dans certains cas ça tourne vite à la récupération post-coloniale, à la bouffée d’exotisme, une fois de plus. Voir aussi au replis "identitaire" -il est des pédés qui ne prétendent avoir des relations de sexe "qu'entre musulmans"! (sic-sic-sic)-. Et comme partout la logique commerciale et consummériste prend souvent le dessus sur l'échange. Mais rien ne peut être sans espoir.
Les pédés subissent des discriminations sociales à divers degrés (ce n’est pas la même chose d’être pédé dans un village du Cantal ou à Villetaneuse, ou encore dans le Marais). À ce titre, il faut se battre pour que cela change, c’est notre droit de prendre la place qui nous revient comme tout à chacun-e, d’occuper l’espace public/politique (et surement pas (que) le Marais). C'est bien gentil de pointer l'homophobie qui règne dans les cités, mais quid du racisme chez les pédés?
C’est aussi pour cela que nous avons comme devoir de ne pas sombrer aussi dans la discrimination, raciale cette fois-ci. Il est inacceptable de penser l’exclusion quand on en est victime. Tout-e-s ensemble nous avons intérêt à changer un système qui produit le racisme, l’homophobie, le sexisme, l’handiphobie... À abandonner nos préjugés. Il est évident qu’il ne faut pas espérer voir naître une « internationnale des opprimé-e-s », mais si on peut se serrer les coudes pour mettre plus facilement à bas la société blanche hétéropatriarcale post-colonialiste et bourgeoise, on a tous à y gagner.
Pour subvertir tout ce petit monde , ne faut-il pas imaginer des modes de résistances transversaux, de trouver des moyens concret de balayer l'exclusion par la différence. S'unir entre "hors-normes". En clair imaginer une politique « Queer-Kaïra » ?
Jean-Raphaël Bourge.
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Men's store, société de vente de produits X, dans sa présentation de films "ethnic nique!" (!!!) parle très bien d'une forme de racisme et de néo-colonialisme pour des vidéos... qu'ils vendent quand même (le buisness n'a pas de conscience, ni n'en veut) !
à 19:19